jeudi 15 janvier 2009

Témoignage : Bénédiction, Amour et Pardon


Ingrid Bétancourt

De la Bénédiction ...

"Si je n'avais pas eu le Seigneur à mes côtés, je ne pense pas que j'aurais réussi à grandir dans la douleur. Être otage vous place dans une situation de constante humiliation. Vous êtes victime de l'arbitraire complet, vous connaissez le plus vil de l'âme humaine. Face à cela il y a deux chemins :
- Soit on se laisse enlaidir, on devient hargneux, vindicatif, on laisse son cœur se remplir de rancune.
- Soit on choisit l'autre chemin, celui que Jésus nous a montré. Il nous demande :

"Bénis ton ennemi".

Un chemin difficile ...

Pourtant dès que je faisais l'exercice de prononcer "Bénis ton ennemi" - alors que j'avais envie de dire tout le contraire -, c'était magique, il y avait comme une espèce de ... soulagement." Et Ingrid Bétancourt, qui dit avoir vécu "un dialogue constant avec Dieu, à travers l'Évangile", de conclure : "Je sens qu'il y a eu une transformation en moi."

... à l'Amour

La seule réponse à la violence est une réponse d'amour. Cette réponse d'amour, cette attitude non violente a été chrétienne pour moi parce que je suis de foi chrétienne mais elle aurait pu être bouddhiste ou musulman. Ce que j'ai découvert, c'est qu'on peut être mené à haïr de toutes ses forces dans notre être et, en même temps, de trouver le soulagement de cette haine par l'amour. On ne peut pas aimer quelqu'un qui vous fait du mal. Mais on peut trouver, et moi je le trouvais dans le Christ, une assise, comme un tremplin. Je me disais : "Pour Toi, Seigneur, je ne vais pas dire que je le déteste." Le fait de ne pas avoir ces mots de haine dans la bouche était un apaisement.

et au Pardon

Il faut de l'amour pour entrer dans une démarche de pardon. J'ai réussi à pardonner, et pas seulement aux geôliers. J'ai pardonné aussi aux compagnons, avec qui on a eu parfois des moments très difficiles. J'ai pardonné à des amis qui ne se sont pas rappelés à nous, à ces gens sur qui vous comptez et qui vous ont fait défaut; à ces gens que vous aimiez et qui ont dit des horreurs, comme par exemple : "elle l'a bien cherchée cette détention". J'ai pardonné à ces gens qui disaient : "C'est la guerre, s'il faut qu'elle meure, c'est un nombre de plus dans les statistiques globales" et qui vous font croire que la vie, ce n'est pas plus qu'un numéro ..."
(Extraits de propos recueillis par Nicolas Senèze (De la Bénéd.) Dominique Gerbaud et Jean-Christophe Ploquin, pour le journal " La Croix")