dimanche 14 août 2011


Dans l'impossibilité de préparer la "Parole du jour"
pendant quelques jours,
je vous invite à ruminer et à vous laisser interpeller
par les textes de la Parole de Dieu
offerts chaque jour pour la Messe.

"Souvent nous entendons la Parole de Dieu et l’avalons sans même prendre le temps de la mâcher... Aussitôt, cette nourriture avalée est oubliée. Observez les ruminants comme la vache par exemple. Elle coupe l’herbe sans la mâcher et peut ainsi ingurgiter une grande quantité d’herbe par jour. Celle-ci est accumulée dans la panse puis, après un certain temps, l’animal se met à ruminer, c'est-à-dire qu’elle régurgite le contenu de sa panse dans sa bouche et le mâche à nouveau. Ainsi pulvérisée, cette nourriture pourra être à nouveau avalée puis commencera la digestion qui durera trois jours. Cette nourriture la nourrit et lui donne vie ...
Les Ecritures ne sont pas des paroles d’hommes, mais la Parole de ‘Dieu’ qui ne périt pas, qui demeurera toujours, qui est toujours vivante, parlante pour chacun d’entre vous. Mais encore faut-il comme la vache, pouvoir l’accueillir avec bonheur chaque jour, la mâcher, la remâcher jusqu’à ce qu’elle nous parle et puisse accomplir son œuvre de transformation ..." (Anonyme)

ASSOMPTION DE MARIE
Parole du jour
Lundi 15 août
Lc 1, 39-56

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement
vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie
et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie,
l'enfant tressaillit en elle.
Alors, Élisabeth fut remplie de l'Esprit Saint,
et s'écria d'une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur
que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ?
Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation,
l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru
à l'accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,

mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.

Il s'est penché sur son humble servante ;

désormais tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles ;

Saint est son nom !

Son amour s'étend d'âge en âge

sur ceux qui le craignent.

Déployant la force de son bras,

il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes,
il élève les humbles.
Il comble de bien les affamés,

renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,

il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères,

en faveur d'Abraham et de sa race à jamais. »
Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois,
puis elle s'en retourna chez elle.

Il fallait en effet, médite Jean-Paul II, que « celle qui était la Mère du Ressuscité, fût la première parmi les hommes à participer à la plénitude puissante de sa Résurrection. Il fallait que celle, en qui le Fils de Dieu, auteur de la victoire sur le péché et sur la mort, est venu habiter, fût aussi la première à habiter en Dieu, libre du péché et de la corruption du tombeau : du péché par l’Immaculée Conception ; de la corruption du tombeau, par l’Assomption ».

L'être humain n'existe que comme "être en relation". Lorsqu'il n'y a plus de relation avec autrui, c'est l'enfermement et la mort. Le péché est "relation blessante et blessée" où ne circule plus la sève de l'amour et du don. Nous en faisons tous l'expérience ... Le péché nous disloque, nous divise dans nos relations avec les autres et aussi, surtout, en nous-mêmes. Les Sacrements, Baptême, Réconciliation, Eucharistie ... sont des dons de Dieu pour notre libération et le retour à l'unité de notre être tout entier : "corps, âme et esprit", en Jésus. St Paul écrit aux thessaloniciens : "Que votre être tout entier, corps, âme et esprit, soient rendus saint (= unifié par les liens de l'amour) par l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ". Voici ce qu'écrit Pierre Trévet dans son livre "Paraboles d'un curé de campagne" écrit : "La résurrection promise n'est ni la simple immortalité d'une âme séparée du corps, ni le retour à la vie d'ici-bas, mais quelque chose de beaucoup plus grand : le corps et l'âme (et l'esprit) rendus l'un à l'autre dans une unité désormais indestructible parce que notre fragilité humaine sera "mise à l'abri en Dieu", selon la magnifique expression du théologien Hans Urs von Balthasar - à l'abri du péché, de la souffrance et de la mort. Dans le credo, nous parlons de la "résurrection de la chair". La chair désigne ici la personne dans son unité et son intégralité, c'est-à-dire tout à la fois son âme et son corps (et son esprit). La vie nouvelle que le chrétien espère ne concerne pas seulement son âme, mais la personne toute entière, telle qu'elle a été créée et voulue par Dieu, et dont le corps est partie intégrante dès le commencement, ce corps dans lequel elle a vécu toute son histoire et est devenue ce qu'elle est".
Marie est la seule créature qui au moment de sa mort comme pendant toute sa vie n'a été que dans le "oui", libre de tout péché et de toute dislocation. Aussi unifiée en son être tout entier "corps, âme et esprit", son corps même ne pouvait demeurer dans la corruption. Sans aucune tâche de corruption, il a été élevé (= transfiguré) dans la Lumière de Dieu. La fête de l'Assomption nous montre, en Marie, notre avenir éternel :
"Je crois en la résurrection de la chair, à la vie éternelle" (credo)


Marie, étoile de la mer (St Bernard † 1153)

Marie est comparée à un astre
"Et le nom de la vierge était Marie" (Lc 1,27).
Disons quelque chose aussi sur ce nom, qui est interprété : "étoile" de la mer et qui convient à merveille à la mère restée vierge.
Oui, on la compare à un astre, et rien de plus juste : comme l'astre, sans être altéré, émet son rayon, ainsi, sans lésion intime, la Vierge met au monde son Fils. Le rayon n'amoindrit pas la clarté de l'astre, pas plus que le fils ne diminue l'intégrité de la vierge.
Oui, elle est cette noble étoile issue de Jacob dont les rayons illuminent l'univers entier, dont la splendeur étincelle sur la cime et pénètre jusqu'aux ombres profondes, dont la chaleur répandue sur la terre réchauffe les âmes plus que les corps, mûrit les vertus et consume les vices.
Elle est cette brillante et merveilleuse étoile qui se lève, glorieuse et nécessaire au-dessus de cet océan immense, dans la splendeur de ses mérites et de ses exemples.
Dans la tempête, regarde l'étoile, invoque Marie !
O toi, qui que tu sois, qui dans cette marée du monde, te sens emporté à la dérive parmi orages et tempêtes, plutôt que sur la terre ferme, ne quitte pas les feux de cet astre, si tu ne veux pas sombrer dans la bourrasque.
Quand se déchaînent les rafales des tentations, quand tu vas droit sur les récifs de l'adversité, regarde l'étoile, appelle Marie !
Si l'orgueil, l'ambition, la jalousie te roulent dans leurs vagues, regarde l'étoile, crie vers Marie !
Si la colère ou l'avarice, si les sortilèges de la chair secouent la barque de ton âme, regarde vers Marie !
Quand, tourmenté par l'énormité de tes fautes, honteux des souillures de ta conscience, terrorisé par la menace du jugement, tu te laisses happer par le gouffre de la tristesse, par l'abîme du désespoir, pense à Marie.
Dans les dangers, dans les angoisses, dans les situations critiques, pense à Marie, crie vers Marie !
Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu'il ne quitte pas ton cœur, et pour obtenir la faveur de ses prières, ne cesse d'imiter sa vie.
Fais ta propre expérience de Marie !
Si tu la suis, point ne t'égares.
Si tu la pries, point ne désespère.
Si tu la gardes en pensée, point de faux pas.
Qu'elle te tienne, plus de chute.
Qu'elle te protège, plus de crainte.
Sous sa conduite, plus de fatigue.
Grâce à sa faveur, tu touches au port.
Et voilà comment ta propre expérience te montre combien se justifie la parole : Le nom de la Vierge était Marie (Lc 1, 27).


Parole du jour
(dimanche 14 août)
Mt 15, 21-28

Jésus s'était retiré vers la région de Tyr et de Sidon.
Voici qu'une Cananéenne, venue de ces territoires, criait :
« Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David !
Ma fille est tourmentée par un démon. »
Mais il ne lui répondit rien.
Les disciples s'approchèrent pour lui demander :
« Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris ! »
Jésus répondit :
« Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël. »
Mais elle vint se prosterner devant lui :
« Seigneur, viens à mon secours ! »
Il répondit :
« Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants
pour le donner aux petits chiens. -
C'est vrai, Seigneur, reprit-elle ;
mais justement, les petits chiens mangent les miettes
qui tombent de la table de leurs maîtres. »
Jésus répondit :
« Femme, ta foi est grande,
que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! »
Et, à l'heure même, sa fille fut guérie.

Dès le début du chapitre 15 de l'Évangile de St Matthieu, nous assistons à la controverse de Jésus avec les pharisiens qui refusent le "pain de sa Parole", de son "Enseignement", pour celui de leurs propres traditions. Jésus les traite "d'hypocrites", c'est-à-dire de "comédiens" et il ajoute ce passage d'Isaïe : "Ce peuple m'honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi. Vain est le culte qu'ils me rendent : les doctrines qu'ils enseignent ne sont que préceptes humains." (Mt 15, 7-9)
Vient ensuite l'enseignement sur le pur et l'impur. La Parole de Jésus purifie, celle des pharisiens rend impur :
"Ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ! Or si un aveugle conduit un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou." (Mt 15, 14)
Jésus quitte alors ses concitoyens qui le refusent pour aller à Tyr et à Sidon, région païenne. Une fois encore, nous découvrons que ce sont ceux qui sont exclus par Israël qui sont parfois les plus proches de Dieu, qui accueillent sa Parole libératrice et guérissante. Jésus met la cananéenne à l'épreuve. Le Pain de sa Parole est pour les "enfants d'Israël" : "Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël." Mais la cananéenne a de la réplique : Les petits chiens domestiques mangent les miettes. Ce que refuse Israël, la Parole de Jésus et Jésus lui-même, les païens l'accueillent et s'en nourrissent avec bonheur.
Le Royaume de Jésus n'est pas de ce monde, il n'est pas comme les Royaumes de ce monde. Avec Jésus, les frontières tombent. Il faut que les Apôtres appelés à prolonger son œuvre le comprennent : tout être humain est appelé à être citoyen de son Royaume. C'est une affaire de cœur et d'accueil de sa Personne : "A tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom ..." (Jn 1, 13) Cela est vrai aussi en l'Église. St Augustin écrit :
"Il y a des gens qui se croit en Église et qui sont hors de l'Église et des gens qui se croit hors de l'Église et qui sont dans l'Église." Parole à méditer pour nous-mêmes. Le Baptême n'est pas une assurance ou un passeport mais un vivre avec Jésus et comme Jésus et un envoi ... « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! »