jeudi 5 avril 2012

Samedi-Saint

Le Samedi saint est-il un jour « vide » ?

La journée du Samedi saint est la seule de l’année liturgique qui ne comprend aucun office collectif, hormis la liturgie des heures (prière du bréviaire). Aucun sacrement n’est célébré. C’est un jour de silence et de recueillement, un jour d’attente.

La Tradition lui associe « la descente aux enfers », particulièrement présente dans la spiritualité byzantine : le Christ rejoint les morts restés loin de Dieu, à commencer par Adam et Ève, pour les associer à la délivrance imminente de sa résurrection. La journée du Samedi saint est aussi consacrée aux préparatifs de la fête de Pâques dans les familles et les communautés chrétiennes.

HOMÉLIE ANCIENNE POUR LE GRAND ET SAINT SAMEDI

«Éveille-toi, ô toi qui dors»

Que se passe-t-il? Aujourd'hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s'est apaisée, parce que Dieu s'est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s'est mis à trembler.

C'est le premier homme qu'il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort. Oui. c'est vers Adam captif, en même temps que vers Ève, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs. ~

Le Seigneur s'est avancé vers eux, muni de la croix, l'arme de sa victoire. Lorsqu'il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s'écria vers tous les autres: "Mon Seigneur avec nous tous! " Et le Christ répondit à Adam: " Et avec ton esprit". Il le prend par la main et le relève en disant : Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera.

"C'est moi ton Dieu, qui, pour toi, suis devenu ton fils; c'est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans les chaînes: Sortez. A ceux qui sont dans les ténèbres: Soyez illuminés. A ceux qui sont endormis: Relevez-vous.

"Je te l'ordonne : Éveille-toi, ô toi qui dors, je ne t'ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d'entre les morts: moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Éveille-toi, sortons d'ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.

"C'est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils; c est pour toi que moi, le Maître, j'ai pris ta forme d'esclave ; c'est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre ; c'est pour toi, l'homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts; c'est pour toi, qui es sorti du jardin, que j'ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j'ai été crucifié dans un jardin.

Vois les crachats sur mon visage ; c'est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues: je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.

"Vois la flagellation sur mon dos, que j'ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois.

"Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t'es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Ève. Mon côté a guéri la douleur de ton côté; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi.

"Lève-toi, partons d'ici. L'ennemi t'a fait sortir de la terre du paradis; moi je ne t'installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t'ai écarté de l'arbre symbolique de la vie; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu'un avec toi. J'ai posté les chérubins pour qu'ils te gardent comme un serviteur; je fais maintenant que les chérubins t'adorent comme un Dieu.~
(anonyme)


Vendredi-Saint

C'étaient nos souffrances qu'il portait, nos douleurs dont il était chargé ...
C'est à cause de nos fautes qu'il a été transpercé, c'est par nos péchés qu'il a été broyé ...
C'est par ses blessures que nous sommes guéris ...
Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il s'est chargé de leurs péchés. C'est pourquoi je lui donnerai la multitude en partage ... (Is 53, 4 ... 12)
... Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l'esprit. (Jn 19, 30)

« Venez et vous verrez » (Jn 1, 39). Cette invitation adressée par Jésus à ses premiers disciples, prend ici tout son sens. Il nous faut oser venir à sa suite et contempler la Passion de « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29).
Comment aurions-nous reconnu que Dieu est amour, don sans mesure, si nous ne l’avions vu dans la chair se donner comme il le fit ? Jésus n’a pas que donné son temps, son enseignement, sa compassion active ; il s’est donné non seulement comme des parents se donnent à leurs enfants : tout cela ne suffisait pas pour exprimer son amour. Il a voulu aller plus loin encore et nous aimer « jusqu’au bout » il nous a livré sa vie. Et ce don ultime, il ne l’a pas fait seulement à ceux qui le chérissaient – ses disciples, ses proches, qui eussent été reconnaissants – mais il s’est offert aussi et surtout à ceux qui le haïssaient, car il n’est pas venu pour sauver les justes, mais les pécheurs.
« En ceci Dieu prouve son amour envers nous : Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs » (Rm 5, 8).
Comment aurions-nous pu imaginer que Dieu est don de soi inconditionnel, offert même aux mécréants que nous sommes et à qui il propose gratuitement sa vie immortelle, si nous ne l’avions contemplé dans la Passion du Fils unique ? Jésus crucifié nous révèle l’horrible état de notre humanité livrée au malin plaisir de l’Ennemi auquel elle fut asservie par le péché. Mais il nous dit en même temps que désormais Dieu n’est plus absent de ce monde hostile : « Jésus s’est livré » afin d’être solidaire de l’homme jusque dans sa déchéance.
“Je crois au Dieu livré” : y a-t-il pauvreté plus radicale que celle de la Crèche, déréliction plus grande que celle de la Croix, abandon plus total que celui de l’Eucharistie ? “S’il fallait ajouter mille mort en Croix pour ton salut, je le ferai avec joie, et pour toi seul”, nous dit Jésus. Comment avoir peur d’un tel Dieu ? Où est-il le dieu vengeur, castrateur, ennemi de l’homme, jaloux de son bonheur ? Que la contemplation du vrai visage de Dieu - celui qu’il nous révèle sur la Croix - purifie nos conscience de ses idoles lancinantes, chasse toute peur, pour que nous puissions accueillir le don du Père en son Fils Jésus-Christ. Que le flot de tendresse jaillissant du Cœur du Christ chasse toute culpabilité et toute angoisse devant sa souffrance et sa mort. Elles sont nôtres les blessures de l’Agneau : comment nous les reprocherait-il, puisqu’ils nous les offre pour que nous y trouvions la guérison ... (Fr Joseph-Marie)

JEUDI-SAINT

Parole du jour
Jn 13, 1 ... 15
(Jeudi-Saint 5 avril)

Avant la fête de la Pâque,
sachant que l'heure était venue
pour lui de passer de ce monde à son Père,
Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde,
les aima jusqu'au bout.
Au cours du repas,
alors que le démon a déjà inspiré à Judas Iscariote,
fils de Simon, l'intention de le livrer,
Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains,
qu'il est venu de Dieu et qu'il retourne à Dieu,
se lève de table, quitte son vêtement,
et prend un linge qu'il se noue à la ceinture ;
puis il verse de l'eau dans un bassin,
il se met à laver les pieds des disciples
et à les essuyer avec le linge qu'il avait à la ceinture ...
Après leur avoir lavé les pieds,
il reprit son vêtement et se remit à table.

Il leur dit alors : « Comprenez-vous ce que je viens de faire ?
Vous m'appelez 'Maître' et 'Seigneur',
et vous avez raison, car vraiment je le suis.
Si donc moi, le Seigneur et le Maître,
je vous ai lavé les pieds,
vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
C'est un exemple que je vous ai donné
afin que vous fassiez, vous aussi,
comme j'ai fait pour vous.

Le Mystère Pascal est présent dans la vie de Jésus avant même sa mort sur la croix et sa résurrection. Tout son agir est emprunt de cette réalité. Être serviteur, c'est mourir à soi-même pour donner vie à l'autre ou aux autres et de ce don recevoir soi-même la vie. Mort et résurrection sont comme imbriqués et ne font qu'un. Dans l'Évangile sur le lavement des pieds, il nous ai d'abord donné le sens de ce qui va se passer : "Ayant aimé les siens, il les aima jusqu'au bout ..." Voilà le don de la vie. Jésus ne se regarde pas, il y a comme une mort à soi-même pour que les autres vivent : "Il les aima jusqu'au bout". Ce qui sera signifié par le fait qu'il "quitte son vêtement", ce qu'on peut traduire par : "il se dessaisit de son vêtement", c'est-à-dire "de sa vie". La résurrection, elle, nous est signifiée juste avant par le fait qu' "il se lève de table". Le terme grec pour "se lever" a signification de "résurrection". Vivre dans l'amour a demandé à Jésus de vivre continuellement de ce qui va se révéler dans la lumière du Mystère Pascal : passer de la mort à la vie. "Jésus verse de l'eau dans un bassin, il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu'il avait à la ceinture ..." Dieu est ainsi ... Dieu à genoux aux pieds d'Humanité. Dieu au service de l'Humanité? Dieu mort à Lui-même qui donne sa Vie, qui donne la Vie ! ... Dieu qui te dit : "Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres." Nous sommes invités à vivre ce passage de la mort à la vie au cœur même de notre aujourd'hui. Avec Jésus, être "Serviteur" !

Triduum Pascal

Qu’est-ce que le triduum pascal ?

Le triduum pascal commence le Jeudi saint et se termine le jour de Pâques, après les vêpres. Ces trois jours constituent le centre de gravité de toute l’année liturgique. Successivement, les chrétiens commémorent le dernier repas du Christ avec ses disciples, son arrestation, sa crucifixion et sa mise au tombeau, puis sa résurrection d’entre les morts.

Ces trois jours ont un caractère fortement symbolique : ils rappellent ceux évoqués dans l’Évangile de Jean. Jésus ayant chassé les marchands du Temple, des juifs lui demandent de manifester l’autorité au nom de laquelle il remet en cause le lieu saint de Jérusalem, et il leur répond : « Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai. » Préfigurant de la résurrection, l’évangéliste précise : « Il parlait du sanctuaire de son corps » (Jean 2, 18-21).

Que célèbre-t-on le Jeudi saint ?

Dans la soirée du jeudi avant Pâques, les catholiques célèbrent la Cène, l’ultime repas du Christ avec ses disciples, où il leur annonce le don qu’il va faire de sa vie, librement et par amour. Ce don est signifié de manière différente selon les quatre Évangiles. Marc, Matthieu et Luc montrent Jésus partageant aux Douze du pain et du vin, dont il fait les signes de son corps et de son sang livrés.

Dans l’Évangile de Jean, cette scène est absente, et le don de Jésus est traduit au travers du geste du lavement des pieds. Jésus se place ainsi dans la situation du serviteur et laisse à ses disciples ce testament : « C’est un exemple que je vous ai donné pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous » (Jean 13, 15).

Fidèle à la mémoire du Christ, l’Église procède, le soir du Jeudi saint, au rite du lavement des pieds et célèbre solennellement l’Eucharistie. À la fin de la messe, les fidèles poursuivent leur prière en accompagnant le Christ dans la nuit de son arrestation au Jardin des oliviers ...
(tiré de "La croix.com)