lundi 25 février 2013


Dans l'impossibilité de préparer la "Parole du jour"
pendant quelques jours,
je vous invite à ruminer et à vous laisser interpeller
par les textes de la Parole de Dieu
offerts chaque jour pour la Messe.

"Souvent nous entendons la Parole de Dieu et l’avalons sans même prendre le temps de la mâcher... Aussitôt, cette nourriture avalée est oubliée. Observez les ruminants comme la vache par exemple. Elle coupe l’herbe sans la mâcher et peut ainsi ingurgiter une grande quantité d’herbe par jour. Celle-ci est accumulée dans la panse puis, après un certain temps, l’animal se met à ruminer, c'est-à-dire qu’elle régurgite le contenu de sa panse dans sa bouche et le mâche à nouveau. Ainsi pulvérisée, cette nourriture pourra être à nouveau avalée puis commencera la digestion qui durera trois jours. Cette nourriture la nourrit et lui donne vie ...
Les Ecritures ne sont pas des paroles d’hommes, mais la Parole de ‘Dieu’ qui ne périt pas, qui demeurera toujours, qui est toujours vivante, parlante pour chacun d’entre vous. Mais encore faut-il comme la vache, pouvoir l’accueillir avec bonheur chaque jour, la mâcher, la remâcher jusqu’à ce qu’elle nous parle et puisse accomplir son œuvre de transformation ..." (Anonyme)

Parole du jour
Lc 6, 36-38
Lundi 25 février

Jésus disait à la foule : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ;
ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés.
Pardonnez, et vous serez pardonnés.

Donnez, et vous recevrez :

une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante,
qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez
pour les autres servira aussi pour vous. »


La notion de « miséricorde » a connu un développement, dans notre culture, qui voile la richesse qu'elle possède dans la tradition biblique. En effet, pour nous, la miséricorde signifie la sensibilité à la misère d'autrui ou la pitié par laquelle on pardonne au coupable. La notion biblique de « miséricorde » est beaucoup plus vaste.

Le mot hébreux "rahamim" est un pluriel qui signifie « entrailles ». Les hébreux considéraient que les entrailles, en tant que siège de tous les sentiments, pouvaient s'émouvoir sous le coup de la douleur ou d'une peine. C'est peut-être en ressentant des « papillons dans le ventre », comme on dit, qu'ils en étaient arrivés à considérer la miséricorde, comme un sentiment qui a son origine au sein même de la personne. La miséricorde apparaît alors comme l'attachement d'un être à un autre. Mais le terme rahamim désigne surtout l'attachement qui unit Dieu à l'être humain, comme si les « entrailles de Dieu » frémissaient en pensant à l'homme. Ainsi Dieu s'émeut avec tendresse comme un père ou une mère à l'égard de leurs enfants.

Un autre terme accompagne souvent la « miséricorde »: c'est hesed. Il s'agit de la relation qui unit deux personnes et implique la fidélité et l'obligation de venir en aide. La miséricorde unie à la fidélité devient une bonté consciente et voulue qui répond à un devoir intérieur. La personne qui agit avec miséricorde témoigne alors d'une grande fidélité à la relation qui l'unit à quelqu'un d'autre. Il en est ainsi de la miséricorde de Dieu.

Dieu manifeste sa miséricorde chaque fois qu'il vient en aide à son peuple ou à un individu. Il a alors une prédilection pour le pauvre, la veuve, l'orphelin. Ces personnes vivent habituellement dans la plus grande indigence, puisqu'elles ont perdu le soutien qui d'un mari, qui d'un père. Pour Israël, la manifestation par excellence de la miséricorde de Dieu fut l'exode. La libération de la servitude en Égypte est le modèle de toutes les autres manifestations de la miséricorde de Dieu.

Il n'y a pas que la misère ou les malheurs de l'homme qui bouleversent Dieu. Il y a surtout la condition de l'homme pécheur. La miséricorde dans ce cas, n'ignore pas la gravité de la rupture due au péché, mais elle se traduit par la patience, la volonté ferme d'amener les humains à la conversion et de leur accorder son pardon. En Israël, on en vient à penser que la miséricorde est un acte proprement divin. Elle est le signe de la toute-puissance de l'amour de Dieu. Seul le cœur endurci et rebelle peut limiter l'exercice de la miséricorde de Dieu. Les prophètes enseignent que la pratique de la miséricorde et de la tendresse entre les membres du peuple est préférable à tous les sacrifices où le cœur est absent. En raison des liens créés par l'Alliance, personne ne peut se dérober à son devoir d'amour envers le prochain.

Jésus reprendra cet enseignement des prophètes, en affirmant qu'il n'est pas venu pour les justes qui ne sentent aucun besoin de conversion, mais pour les pécheurs qui ont besoin de connaître la miséricorde de Dieu. Il ira cependant plus loin en invitant ses disciples à agir avec miséricorde à l'égard de tout être humain, même l'ennemi. Il faut être miséricordieux comme notre Père du ciel est miséricordieux. Comme lui, il faut que nos entrailles frémissent devant autrui.

C'est par la pratique de la miséricorde que les disciples de Jésus révèlent qu'ils sont en communion avec Dieu. C'est la condition essentielle pour entrer dans le Royaume. (Yves Guillemette, ptre)

Parole du jour
Lc 9, 28b-36
Dimanche 24 février
 
Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, 
et il alla sur la montagne pour prier. 
Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, 
ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante.
Et deux hommes s'entretenaient avec lui : 
c'étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. 
Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem.
Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; 
mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, 
et les deux hommes à ses côtés.
Ces derniers s'en allaient, quand Pierre dit à Jésus : 
« Maître, il est heureux que nous soyons ici ! 
Dressons donc trois tentes : une pour toi, 
une pour Moïse, et une pour Élie. » 
Il ne savait pas ce qu'il disait.
Pierre n'avait pas fini de parler, qu'une nuée survint 
et les couvrit de son ombre ; 
ils furent saisis de frayeur lorsqu'ils y pénétrèrent.
Et, de la nuée, une voix se fit entendre : 
« Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le. »
Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. 
Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu'ils avaient vu,
 ils ne dirent rien à personne à ce moment-là.
Voici Jésus qui se manifeste tel qu'il est en vérité : "Lumière né de la lumière" (Credo de Nicée). Sa divinité transparaît à travers son humanité, elle la transfigure. Il en est toujours ainsi mais l'homme terni et amoindri dans son humanité par le péché, refus de la Lumière, ne peut le voir tel qu'il est. St Jean, dans sa 1ère lettre écrit : "Nous le verrons tel qu'il est car nous lui serons semblable". Il y faut une purification. Et la purification se fait par la "Foi" en Jésus qui en accomplissant la Thora (Parole de Dieu) en son Humanité, rend notre humanité à son plein accomplissement.
Les trois disciples, par grâce spéciale, sont rendus capable de le voir tel qu'il est. C'est une grâce de contemplation donnée en toute gratuité. Et que voient-ils ? ... Moïse et Élie qui s'entretiennent avec Jésus. Moïse représente la Torah (la Loi) et Élie les prophètes. Or Jésus l'a annoncé :
"Je ne suis pas venu abolir la Torah et les prophètes, mais les accomplir".
Les trois apôtres sont témoins de cette réalité : Le Verbe s'est fait chair ... la Torah s'est faite chair en Jésus. Et la voix du
Père qui se fait entendre dans le Souffle de la nuée (l'Esprit) qui les couvre de son ombre est une reconnaissance et un ordre vital : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le !"
C'est cette "écoute active" qui rend à la "Lumière" et donc à la vision de Dieu qui est communion avec Lui.


Il est intéressant de se reporter à Exode 34, 29- 35. Il est dit que "lorsque Moïse redescendit de la montagne du Sinaï, les deux tables du Témoignage étaient dans la main de Moïse ... et Moïse ne savait pas que la peau de son visage rayonnait parce qu'il avait parlé avec Dieu ... "
Au Sinaï, Moïse se laisse enseigner par Dieu, il reçoit les dix Paroles de vie que l'on appelle les dix commandements, et il en est transfiguré. Les Israélites sont tellement impressionnés qu'ils ont peur de l'approcher. Ce rayonnement les éblouit ... "et Moïse leur parla". Il leur dit les paroles que Dieu lui a enseignées. Et le peuple "écoute Moïse". Ce qui nous rappelle le : "écoutez-le" de l'Évangile. Puis, "quand Moïse a fini de leur parler, il met un voile sur son visage". Lorsqu'il entre dans la tente de la Rencontre pour parler face à face avec Dieu et recevoir ses enseignements, il ôte le voile jusqu'à sa sortie où il rapporte aux Israélites, la Parole de Dieu. Il dit cette Parole à visage découvert car la Parole qu'il profère au nom de Yahvé illumine et révèle l'Être même de Dieu ... Puis à nouveau il remet le voile.
St Paul a trouvé l'illumination sur le chemin de Damas. Voici ce qu'il raconte : "Soudain une grande Lumière venue du ciel m'enveloppa de sa clarté, je tombais sur le sol et j'entendis une voix qui me parlait ..." Lorsqu'il se relève il ne voit plus rien en raison de l'éclat de cette Lumière. Il faut l'intervention d'Ananie envoyé par le Seigneur pour qu'il retrouve la vue : "Saoul, mon frère, recouvre la vue." Et moi, au même instant je pu le voir." (Ac 22, 6-13) Sa vie est alors transformé. Il écrit plus tard : "C'est quand on se convertit au Seigneur que le voile est enlevé. Car le Seigneur, c'est l'Esprit, et où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. Et nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur qui est Esprit." (2 CO 3, 16-18)
La Résurrection de Jésus et le don de l'Esprit à Pentecôte sont passées par là et désormais la Présence de Jésus, intérieure à nous-mêmes, nous transfigure chaque jour davantage :
"Jésus le Christ, Lumière intérieure, ne laisse pas les ténèbres me parler. Jésus, le Christ, Lumière intérieure, donne-moi d'accueillir ton amour." (Chant de Taizé)