vendredi 1 novembre 2013

  Commémoraison des défunts
Samedi 2 novembre

Au lendemain de la fête de tous les saints où l’Église célèbre dans la joie la communion des saints et le salut des hommes, saint Odilon, cinquième Abbé de Cluny, a institué, à la fin du 1er millénaire, pour ses monastères très nombreux en Europe, la « Fête des morts ». Par celle-ci, il a voulu exhorter ses moines à prier de manière particulière pour les morts, contribuant ainsi mystérieusement à leur accès à la pleine communion avec Dieu. A partir de l’abbaye de Cluny, l’usage s’est peu à peu répandu d’intercéder solennellement pour les défunts par une célébration qui est en vigueur dans l’Église universelle depuis le XIIIè sc et que nous appelons aujourd’hui : « la Commémoraison (ou Commémoration) des défunts ».
Écoutons Jean Paul II nous en donner le sens
« En priant pour les morts, l’Église contemple avant tout le mystère de la Résurrection du Christ qui, par sa Croix, nous obtient le salut et la vie éternelle. Aussi, avec saint Odilon, pouvons-nous redire sans cesse :      « La croix m’est un refuge, la Croix m’est voie et vie [...]. La Croix est mon arme invincible. La Croix repousse tout mal. La croix dissipe les ténèbres ». La Croix du Seigneur nous rappelle que toute vie est habitée par la lumière pascale, qu’aucune situation n’est totalement perdue, car le Christ a vaincu la mort et nous ouvre le chemin de la vraie vie. La Rédemption « se réalise par le sacrifice du Christ, grâce auquel l’homme rachète la dette du péché et s’est réconcilié avec Dieu » (Tertio millennio adveniente, n. 7)...

 Parole du jour
Lc 2, 25-32

Il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. 
C'était un homme juste et religieux, 
qui attendait la Consolation d'Israël, 
et l'Esprit Saint était sur lui.

L'Esprit lui avait révélé qu'il ne verrait pas la mort 
avant d'avoir vu le Messie du Seigneur.
Poussé par l'Esprit, Syméon vint au Temple. 
Les parents y entraient avec l'enfant Jésus 
pour accomplir les rites de la Loi qui le concernaient.
Syméon prit l'enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître,
tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix,
selon ta parole.
Car mes yeux ont vu ton salut,
que tu as préparé à la face de tous les peuples :
lumière pour éclairer les nations païennes,
et gloire d'Israël ton peuple. »
Les 1ers mots de la 1ère  lecture de la messe de ce jour,  tirée du livre de la Sagesse  disent : " Dieu a créé l'homme pour une existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu'il est en lui-même. La vie des justes est dans la main de Dieu ..." (Sg 2, 23) Merveilleuse affirmation ! Siméon porte en lui cette certitude. Il sait qu'il va mourir. Cela ne l'effraie pas. Il est à l'écoute de l'Esprit et il discerne sa voix. Il se laisse conduire par le même Esprit qui le conduit à prendre Jésus dans ses bras et à en recevoir la paix :" Maintenant au Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s'en aller en paix ..." Ce qu'il a vu de ses yeux de chair c'est le Salut. Il reconnaît Jésus comme le Salut qui le conduit à son accomplissement : "La gloire de Dieu c'est l'homme vivant et la vie de l'homme, c'est de voir Dieu", écrit St Irénée. Syméon est vivant de l'Esprit qu'il laisse "jaillir en lui", et dans l'enfant qu'il tient dans ses bras, il voit Dieu du regard de son coeur et le reconnait : "Nous Le (le Christ) verrons tel qu'il est, écrit St Jean, car nous lui serons semblable." Siméon Lui est devenu conforme et en est illuminé. 

LA TOUSSAINT

Parole du jour
Vendredi 1 novembre
Mt 5, 1-12a
Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait,
il gravit la montagne.
Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent.

Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire.
Il disait :

« Heureux les pauvres de cœur :
le Royaume des cieux est à eux !

Heureux les doux :
ils obtiendront la terre promise !

Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice :
ils seront rassasiés !

Heureux les miséricordieux :
ils obtiendront miséricorde !

Heureux les cœurs purs :
ils verront Dieu !

Heureux les artisans de paix :
ils seront appelés fils de Dieu !

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice :
le Royaume des cieux est à eux !

Heureux serez-vous si l'on vous insulte,
si l'on vous persécute
et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.

Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse,
car votre récompense sera grande dans les cieux !


Qui sont-ils ces Saints que nous fêtons aujourd'hui ? ... Bien-sûr ceux qui sont inscrits sur nos calendriers, ceux dont nous portons le prénom, ceux qui ont été canonisés par l'Eglise. Mais il ne faut pas oublier la multitude de ceux qui inconnus, se sont laissés sanctifier par le Christ. Et sans doute que nous en croisons sur nos routes, hommes ou femmes qui sans bruit vivent du Christ. Et chacun d'entre nous, nous sommes appelés à être Saint. C'est la vocation de tout chrétien et donc de chacun d'entre nous ... et même de toute personne humaine. Car la vocation humaine est une vocation à l'Amour et l'être humain souffre de ne pas aimer comme il le faudrait. Dieu qui est l'unique Saint a créé l'homme à son Image. Dieu est Amour. En se faisant Homme, le Fils de Dieu a parfaitement accompli cette vocation dans notre propre chair. Il est l'unique chemin vers la sainteté. L'accueillir au cœur de notre vie, c'est lui permettre de l'assumer avec nous en la purifiant et en l'ajustant sur l'Amour et donc de l'accomplir en sainteté.
Le Sacrement du baptême nous plonge dans la Sainteté du Christ, dans le Mystère de sa mort et de sa Résurrection, et nous incorpore à Lui : "Tu es devenu une création nouvelle, tu as revêtu le Christ." La Sainteté est alors un déjà-là par cette union au Christ et un pas-encore car il nous faut adhérer (la Foi) de tout notre être à cette sainteté au quotidien de nos vies en faisant de Lui le compagnon de nos routes. Il est "le Chemin, la Vérité et la Vie." Certes sur nos routes, il nous arrive de chuter contre la pierre ou de tomber dans le fossé. mais Il est toujours là pour nous relever et nous remettre sur le chemin. La Sainteté n'est pas la perfection, mais cette remise continuelle de notre vie dans la Sienne. Car Il est Lui-même notre Sainteté, Lui qui a parfaitement accompli notre Humanité. Aussi notre regard ne doit-il pas se détacher de Lui.

Écoutons le dialogue de St François avec son compagnon Léon :


"Sautant d’un rocher à l’autre, Léon eut tôt fait de traverser le torrent. François le suivit. Il y mit plus de temps. Léon, qui l’attendait debout sur l’autre rive, regardait l’eau limpide couler avec rapidité sur le sable doré entre les masses grises des rochers. Lorsque François l’eut rejoint, il demeura dans son attitude contemplative. Il semblait ne pouvoir se détacher de ce spectacle. François le regarda et il vit de la tristesse sur son visage.
- Tu as l’air songeur, lui dit simplement François.
- Ah! si nous pouvions avoir un peu de cette pureté, répondit Léon, nous connaîtrions, nous aussi, la joie folle et débordante de notre sœur l’eau et son élan irrésistible!
Il passait dans ces paroles une profonde nostalgie. Et le regard de Léon fixait mélancoliquement le torrent qui ne cessait de fuir dans sa pureté insaisissable.
- Viens, lui dit François en le tirant par le bras.
Et ils reprirent tous deux leur marche. Après un moment de silence, François demanda à Léon :
- Sais-tu, frère, ce qu’est la pureté du cœur ?
- C’est ne pas avoir de faute à se reprocher, répondit Léon sans hésiter.
- Alors, je comprends ta tristesse, dit François. Car on a toujours quelque chose à se reprocher.
- Oui, dit Léon, et cela précisément me fait désespérer d’arriver un jour à la pureté du cœur.
- Ah! frère Léon, crois-moi, repartit François, ne te préoccupe pas tant de la pureté de ton âme. Tourne ton regard vers Dieu. Admire-le. Réjouis-toi de ce qu’il est, lui, toute sainteté. Rends-lui grâces à cause de lui-même. C’est cela même, petit frère, avoir le cœur pur.
« Et quand tu es ainsi tourné vers Dieu, ne fais surtout aucun retour sur toi-même. Ne te demande pas où tu en es avec Dieu. La tristesse de ne pas être parfait et de se découvrir pécheur, est encore un sentiment humain, trop humain. Il faut élever ton regard plus haut, beaucoup plus haut. Il y a Dieu, l’immensité de Dieu et son inaltérable splendeur. Le cœur pur est celui qui ne cesse d’adorer le Seigneur vivant et vrai. Il prend un intérêt profond à la vie même de Dieu et il est capable, au milieu de toutes ses misères, de vibrer à l’éternelle innocence et à l’éternelle joie de Dieu. Un tel cœur est à la fois dépouillé et comblé. Il lui suffit que Dieu soit Dieu. En cela même, il trouve toute sa paix, tout son plaisir. Et Dieu lui-même est alors toute sa sainteté.

- Dieu, cependant, réclame notre effort et notre fidélité, fit observer Léon.
- Oui, sans doute, répondit François. Mais la sainteté n’est pas un accomplissement de soi, ni une plénitude que l’on se donne. Elle est d’abord un vide que l’on se découvre et que l’on accepte et que Dieu vient remplir dans la mesure où l’on s’ouvre à sa plénitude.
« Notre néant, vois-tu, s’il est accepté, devient l’espace libre où Dieu peut encore créer. Le Seigneur ne laisse ravir sa gloire par personne. Il est le Seigneur, l’Unique, le seul Saint. Mais il prend le pauvre par la main, il le tire de sa boue et le fait asseoir parmi les princes de son peuple afin qu’il voie sa gloire. Dieu devient alors l’azur de son âme.
« Contempler la gloire de Dieu, frère Léon, découvrir que Dieu est Dieu, éternellement Dieu, au-delà de ce que nous sommes ou pouvons être, se réjouir à plein de ce qu’il est, s’extasier devant son éternelle jeunesse et lui rendre grâces à cause de lui-même, à cause de son indéfectible miséricorde, telle est l’exigence la plus profonde de cet amour que l’esprit du Seigneur ne cesse de répandre en nos cours. C’est cela avoir le cœur pur.
« Mais cette pureté ne s’obtient pas à la force des poignets et en se tendant.
- Comment faire? demanda Léon
- Il faut simplement ne rien garder de soi-même. Tout balayer. Même cette perception aiguë de notre détresse. Faire place nette. Accepter d’être pauvre. Renoncer à tout ce qui est pesant, même au poids de nos fautes. Ne plus voir que la gloire du Seigneur et s’en laisser irradier. Dieu est, cela suffit. Le cœur devient alors léger. II ne se sent plus lui-même, comme l’alouette enivrée d’espace et d’azur. Il a abandonné tout souci, toute inquiétude. Son désir de perfection s’est changé en un simple et pur vouloir de Dieu." (Tiré du livre "La Sagesse d'un pauvre" d'Eloi Leclerc)
 Parole du jour
Rm 8, 31b-39
Jeudi 31 octobre

Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 
Il n'a pas refusé son propre Fils, il l'a livré pour nous tous : 
comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ? 
Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? 
puisque c'est Dieu qui justifie. 
Qui pourra condamner ? 
puisque Jésus Christ est mort ; plus encore : il est ressuscité,
il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous.
Qui pourra nous séparer de l'amour du Christ ? 
la détresse ? l'angoisse ? la persécution ? la faim ? 
le dénuement ? le danger ? le supplice ? 
L'Écriture dit en effet : 
C'est pour toi qu'on nous massacre sans arrêt, 
on nous prend pour des moutons d'abattoir.
Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs 
grâce à celui qui nous a aimés. 
J'en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, 
ni le présent ni l'avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, 
ni aucune autre créature, 
rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu 
qui est en Jésus Christ notre Seigneur.

(Evangile du jour : Lc 13, 31-35)

Dans le commentaire sur le psaume 34, St Augustin écrit : "Que le Seigneur nous ouvre l'oreille pour écouter lorsqu'il nous dit : "C'est moi, ton Salut." Il le dit mais certains font la sourde oreille et, du coup, ils n'entendent plus guère, une fois plongés dans l'épreuve, que les ennemis qui les assaillent. Et ils cherchent ailleurs leur salut ... J'écouterai donc Celui qui me dit : "C'est moi ton Salut." Je ne chercherai pas d'autre saluit que le Seigneur mon Dieu."
Ce commentaire résume bien le passage de la lettre de Paul aux Romains : "Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ... Qui pourra nous séparer de l'amour du Christ, la détresse, l'angoisse etc ... En tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à Celui qui nous a aimés ... Rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus-Christ, notre Sauveur."
L'Evangile nous laisse entendre cet amour de Dieu en Jésus-Christ. Un Amour qui va jusqu'au bout. Il chasse les démons, fait des guérisons ... Prélude du don total de sa vie qui libère et guérit, donne le Salut. Il est le Salut !
Oui, laissons résonner en nous la Parole du Seigneur : "C'est moi ton Salut". En toute Eucharistie il nous la refait entendre en la réalisant sacramentellement et en nous donnant d'y communier. Qu'elle soit le Roc sur lequel nous bâtissons, il est le Roc : "C'est moi ton Salut" !
 Parole du jour
Lc 13, 22-30
Mercredi 30 octobre

Dans sa marche vers Jérusalem, 
Jésus passait par les villes et les villages en enseignant.
Quelqu'un lui demanda : 
« Seigneur, n'y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » 
Jésus leur dit : 
« Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, 
car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer 
et ne le pourront pas.

Quelle est donc cette "porte étroite" dont il est question dans l’Évangile ? Ne serait-ce pas le Christ Lui-même ?  Il l'a dit : "Je suis la Porte ... Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé." (Jn 10, 9)
Mais pourquoi "étroite" ? Lui-même en donne l'explication ailleurs : "Si quelqu'un veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même et prenne sa croix chaque jour et qu'il me suive." (Lc 9, 23) Il s'agit de Lui devenir conforme dans l'Amour : "Le Fils de l'homme est venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie ..." (Mc 10, 45)
Jésus dit aussi qu'  "il faut s'efforcer" d'entrer. Pour quoi "s'efforcer" ?  Notre libre arbitre nous donne de choisir entre "entrer" ou "rester dehors". Dans l’Évangile, comme l'écrit Mgr Rouet, il n'est pas d'abord question de bien et de mal, mais d'ouverture ou de fermeture. "S'efforcer", c'est s'ouvrir à Celui qui est toujours déjà là en nous, et donc Lui permettre d'assumer avec nous notre vie au quotidien, les évènements et les rencontres, l'inattendu. L'Eucharistie est le Sacrement par excellence de l'ouverture. Nous communions pour demeurer en Lui par l'ouverture de notre être à sa Présence, comme Lui demeure en nous : "Demeurez en moi comme moi en vous, sans moi vous ne pouvez rien faire." (Jn 15,5)