mercredi 11 avril 2012


Dans l'impossibilité de préparer la "Parole du jour"
pendant quelques jours,
je vous invite à ruminer et à vous laisser interpeller
par les textes de la Parole de Dieu
offerts chaque jour pour la Messe.

"Souvent nous entendons la Parole de Dieu et l’avalons sans même prendre le temps de la mâcher... Aussitôt, cette nourriture avalée est oubliée. Observez les ruminants comme la vache par exemple. Elle coupe l’herbe sans la mâcher et peut ainsi ingurgiter une grande quantité d’herbe par jour. Celle-ci est accumulée dans la panse puis, après un certain temps, l’animal se met à ruminer, c'est-à-dire qu’elle régurgite le contenu de sa panse dans sa bouche et le mâche à nouveau. Ainsi pulvérisée, cette nourriture pourra être à nouveau avalée puis commencera la digestion qui durera trois jours. Cette nourriture la nourrit et lui donne vie ...
Les Ecritures ne sont pas des paroles d’hommes, mais la Parole de ‘Dieu’ qui ne périt pas, qui demeurera toujours, qui est toujours vivante, parlante pour chacun d’entre vous. Mais encore faut-il comme la vache, pouvoir l’accueillir avec bonheur chaque jour, la mâcher, la remâcher jusqu’à ce qu’elle nous parle et puisse accomplir son œuvre de transformation ..." (Anonyme)

Parole du jour
Lc 24, 35-48
Jeudi 12 avril

Les disciples qui rentraient d"Emmaüs
racontaient aux onze Apôtres
et à leurs compagnons ce qui s"était passé sur la route,
et comment ils avaient reconnu le Seigneur
quand il avait rompu le pain.
Comme ils en parlaient encore,
lui-même était là au milieu d'eux, et il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
Frappés de stupeur et de crainte,
ils croyaient voir un esprit.
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ?
Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ?
Voyez mes mains et mes pieds : c'est bien moi !
Touchez-moi, regardez :
un esprit n'a pas de chair ni d'os,
et vous constatez que j'en ai. »
Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.
Dans leur joie, ils n'osaient pas encore y croire,
et restaient saisis d'étonnement.Jésus leur dit :
« Avez-vous ici quelque chose à manger ? »
Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé.
Il le prit et le mangea devant eux.
Puis il déclara : « Rappelez-vous les paroles
que je vous ai dites quand j'étais encore avec vous :
Il fallait que s'accomplisse tout ce qui a été écrit de moi
dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures.
Il conclut : « C'est bien ce qui était annoncé par l'Écriture :
les souffrances du Messie,
sa résurrection d'entre les morts le troisième jour,
et la conversion proclamée en son nom
pour le pardon des péchés à toutes les nations,
en commençant par Jérusalem.
C'est vous qui en êtes les témoins. »

" Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous. » Étonnant verset : Jésus Ressuscité n’est-il pas au milieu des siens lorsqu’il leur tient ces propos ? Certes, Il est bien réellement présent avec ses disciples lorsqu’il leur parle ; et pourtant, il faut bien nous rendre à l’évidence : Il n’est plus avec eux comme Il l’était avant la Passion. La résurrection n’est pas la simple réanimation de son cadavre, comme ce fut le cas pour Lazare, le fils de la veuve de Naïm ou la fille de Jaïre. Être ressuscité signifie vivre de Dieu, en Dieu et pour Dieu dans l’intégralité de tout son être ; c’est vivre de la vie même de Dieu, non seulement spirituellement, mais aussi psychiquement et physiquement. Notre nature est donc appelée à subir une profonde transformation, qui est suggérée dans les Évangiles par la modification de l’apparence du Ressuscité par rapport au Jésus pré-pascal. Toutes les apparitions soulignent ce fait déconcertant : « Dans leur joie, ils n’osaient pas y croire, et restaient saisis d’étonnement ». Marie-Madeleine « aperçoit Jésus qui était là, mais elle ne savait pas que c’était lui » (Jn 20, 14) ; après la seconde pêche miraculeuse, Jésus ressuscité dit aux disciples « “Venez déjeuner”. Aucun d’entre eux n’osait lui demander : “Qui es-tu ?” Ils savaient que c’était le Seigneur » (Jn 21, 12). Notre-Seigneur apparaît en Galilée à ses disciples à la montagne où il leur avait ordonné de se rendre ; « quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes » (Mt 28, 17). Cette transformation de l’apparence sensible oblige les témoins à faire un acte de foi. Leur témoignage repose certes sur une rencontre objective avec le Ressuscité ; mais les disciples ont à parcourir un chemin de foi pour reconnaître leur Seigneur. " (P. Joseph-Marie)

Vivre dans la Lumière du Ressuscité, c'est ouvrir tout notre être, corps, âme et esprit à cette Lumière et à sa puissance de transformation ... de divinisation :

Qui est l'homme ?
"Si vous me demandez ce qu'est l'homme, je vous réponds ceci : l'homme est du divinisable. C'est la réponse la plus profonde, au-delà de toutes les choses si intéressantes que peuvent nous dire les sciences humaines… Divinisable ? Tout simplement parce qu'il y a un homme qui est Dieu. Un homme pleinement homme : l'Évangile et saint Paul nous répètent que le Christ est pleinement homme sauf le péché, ajoute-t-on. Mais c'est précisément parce qu'il n'est pas pécheur que le Christ est pleinement homme. Ce qui nous empêche nous d'être parfaitement hommes, c'est que nous sommes pécheurs. Si vraiment il y a un membre du genre humain, de l'espèce humaine qui est Dieu, c'est donc qu'il y a dans tous les hommes une capacité à devenir ce qu'est Dieu. Si un homme est Dieu, c'est que tous peuvent le devenir. Le mystère de tout homme, le sens de l'homme, la signification de la vie humaine, c'est l'aptitude essentielle de l'homme à devenir ce qu'est Dieu."
Qui est Dieu ?
"Jésus nous révèle qui est Dieu : Dieu est Amour. Nous le savons, oui ; mais prenons-nous cette affirmation au sérieux ? Il est bien évident que s'il y a un homme qui est Dieu, c'est que Dieu est Amour. On imagine mal l'incarnation si Dieu n'est pas Amour. En effet, la tendance profonde, le mouvement profond de l'amour est de devenir l'être aimé, non seulement d'être uni à lui mais d'être un avec lui. C'est un mouvement qui existe déjà dans l'amour humain mais qui n'est pas réalisable pleinement… Dieu est amour. Toute la Bible développe ce point."
Qu’est-ce que l’amour ?
"Toute l'histoire de la Révélation est la conversion progressive d'un Dieu envisagé comme puissance à un Dieu adoré comme amour. C'est avec cette perspective-là qu'il nous faudrait relire la Bible et étudier l'histoire des religions… Il y a moyen d'imaginer un regard d'amour où il n'y aurait que de l'amour car je pense que, dans l'expérience de l'amour humain (qu'il s'agisse de l'amour conjugal, de la sympathie fraternelle, de l'amour paternel ou maternel, de la charité et du dévouement aux autres, etc.), il y a suffisamment d'amour même mêlé de beaucoup d'égoïsme, pour que nous comprenions ce qu'est l'amour quand il est vécu en Dieu, en toute pureté et en toute plénitude."
Le Dieu en qui nous croyons n'est pas le Dieu des philosophes, d'Aristote ou de Platon, il est le Dieu révélé par Jésus Christ… Nous sommes loin de Jupiter, du paternalisme et du triomphalisme ! C'est ce Dieu Amour
que nous révèle Jésus-Christ. (P. François Varillon)

Ne nous trompons pas de Dieu. Les disciples eux-mêmes s'y sont trompés. Ils espéraient un Messie guerrier et une bonne place à ses cotés dans son royaume selon ce monde ... Il aura fallu la Pentecôte et le don de l'Esprit d'Amour pour qu'enfin ils s'ouvrent à la compréhension, celle qui passe par le cœur ... Un dernier mot du Père Varillon : "Dieu ne divinise que ce que l'homme humanise" ... Il n'y a que l'Amour qui humanise : "Dieu est Amour"

Parole du jour
Lc 24, 13-35
Mercredi 11 avril

Le troisième jour après la mort de Jésus,
deux disciples faisaient route
vers un village appelé Emmaüs,
à deux heures de marche de Jérusalem,
et ils parlaient ensemble de tout ce qui s'était passé.
Or, tandis qu'ils parlaient et discutaient,
Jésus lui-même s'approcha, et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient aveuglés,
et ils ne le reconnaissaient pas.
Jésus leur dit :
« De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? »
Alors, ils s'arrêtèrent, tout tristes.
L'un des deux, nommé Cléophas, répondit :
« Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem
à ignorer les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? »
Ils lui répondirent :
« Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth :
cet homme était un prophète puissant
par ses actes et ses paroles devant Dieu
et devant tout le peuple.
Les chefs des prêtres et nos dirigeants l'ont livré,
ils l'ont fait condamner à mort et ils l'ont crucifié.
Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël !
Avec tout cela, voici déjà le troisième jour
qui passe depuis que c'est arrivé.
A vrai dire, nous avons été bouleversés
par quelques femmes de notre groupe.
Elles sont allées au tombeau de très bonne heure,
et elles n'ont pas trouvé son corps ;
elles sont même venues nous dire
qu'elles avaient eu une apparition :
des anges, qui disaient qu'il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau,
et ils ont trouvé les choses comme les femmes
l'avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Vous n'avez donc pas compris !
Comme votre coeur est lent à croire
tout ce qu'ont dit les prophètes !
Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela
pour entrer dans sa gloire ? »
Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes,
il leur expliqua, dans toute l'Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient,
Jésus fit semblant d'aller plus loin.
Mais ils s'efforcèrent de le retenir :
« Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. »
Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, il prit le pain,
dit la bénédiction, le rompit et le leur donna.
Alors leurs yeux s'ouvrirent,
et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Alors ils se dirent l'un à l'autre :
« Notre cœur n'était-il pas brûlant en nous,
tandis qu'il nous parlait sur la route,
et qu'il nous faisait comprendre les Écritures ? »
A l'instant même, ils se levèrent
et retournèrent à Jérusalem.
Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres
et leurs compagnons, qui leur dirent :
« C'est vrai ! le Seigneur est ressuscité :
il est apparu à Simon-Pierre. »
A leur tour, ils racontaient ce qui s'était passé sur la route,
et comment ils l'avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

Les disciples d'Emmaüs se place du coté de la mort. Comme les autres disciples, ils pensaient que Jésus serait un Messie guerrier : "Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël !" ... Et voilà que "Les chefs des prêtres et nos dirigeants l'ont livré, ils l'ont fait condamner à mort et ils l'ont crucifié." Ils n'ont jamais compris Jésus et, lorsqu'il se présente sur le chemin, comment pourraient-ils le reconnaître ? ... Ils le connaissent dans leurs phantasmes sur Lui mais pas dans "qui il est" vraiment. Alors Jésus reprend le refrain qui jalonne les Évangiles : "Vous n'avez donc pas compris ! ... " Pourtant les disciples connaissent "les Écritures". Ils devraient être aptes à les déchiffrer. Mais non, ils restent à l'extérieur des "Écritures". Jésus va les faire entrer à l'intérieur : "Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Écriture, ce qui le concernait." Alors l'intelligence de leurs cœurs commencent à s'ouvrir ... Touchés par ses paroles, ils le prient de s'arrêter avec eux à l'auberge et là : "Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards...." Ils reconnaissent, bien-sûr, les gestes du cénacle lors de l'institution de l'Eucharistie. Et au moment même où ils le reconnaissent, "il disparaît à leurs regards". Désormais, Jésus, il faut reconnaître sa Présence dans le pain rompu et partagé : "Heureux ceux qui croit sans avoir vu !" (Jn 20, 29). C'est ce que nous sommes appelés à vivre en chaque Messe, en chaque Eucharistie. Les disciples ont pu le reconnaître grâce à l'ouverture de leurs cœurs à sa Présence de Ressuscité : "Notre cœur n'était-il pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait sur la route, et qu'il nous faisait comprendre les Écritures ? " Aussitôt, ils passent de la mort à la vie, c'est le sens du geste de "se lever" ('anastantes' en grec) qui est l'un des termes pour signifier la résurrection, et deviennent témoins de sa Résurrection auprès des autres disciples : "ils racontaient ce qui s'était passé sur la route, et comment ils l'avaient reconnu quand il avait rompu le pain." Aujourd'hui, c'est à nous de prendre le flambeau pour témoigner de ce qui nous habite et que nous expérimentons dans nos vies : "C'est vrai le Seigneur est ressuscité ..."