samedi 11 juillet 2009

Parole du jour
(Samedi 11 juillet)
(Mt 19, 27-29)

Pierre prit la parole et dit à Jésus:
"Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre:
alors, qu'est-ce qu'il y aura pour nous?"
Jésus leur déclara :
« Amen, je vous le dis :
quand viendra le monde nouveau,
et que le Fils de l'homme siégera sur son trône de gloire,
vous qui m'avez suivi,
vous siégerez vous-mêmes sur douze trônes
pour juger les douze tribus d'Israël.
Et tout homme qui aura quitté
à cause de mon nom des maisons,
des frères, des soeurs, un père, une mère,
des enfants, ou une terre,
recevra beaucoup plus,
et il aura en héritage la vie éternelle.

Le renoncement au nom de Jésus, à « des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre » n’implique pas pour tous de s’en défaire, de les abandonner ; mais de s’en délier, de s’en détacher, de ne pas en devenir esclave ou les réduire en esclavage. Dans la Bible Dieu demande à Abraham de tout quitter : "Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t'indiquerai ... je te bénirai ... sois une bénédiction ..." (Gn 12, 1-2) A ceux qui veulent se marier de "quitter père et mère pour s'attacher à son conjoint" (Gn 2, 24). Mais le conjoint n'a pas à faire de l'autre sa propriété, sa chose. Il doit l'aider à se construire, à s'épanouir en tant que personne, ce qui demande un détachement dans le respect de son cheminement personnel. L'autre nous échappe toujours car chaque être humain est de l'ordre de l'infini. Certains se font propriétaires de leurs enfants. On dit alors qu'il ou elle n'a pas coupé le cordon ombilical ... ce qui conduit à bien des paralysies et des drames. Nul n'est propriétaire d' autrui. On n'a pas des enfants pour soi ... Les dons de Dieu eux-mêmes peuvent devenir une terre d’aliénation dans la mesure où nous ne les recevons plus de lui et où ils ne nous conduisent plus à lui ... dans la mesure où ils nous replient sur nous-mêmes, nourrissant notre égo.
Mais pour celui qui se place résolument dans la logique de l’amour, il en va autrement. Pour celui qui se place dans la logique de l’accueil reconnaissant et du don, tout devient source de liberté et d'accomplissement : « il recevra beaucoup plus, et il aura en héritage la vie éternelle ». En conclusion, on pourrait paraphraser le passage de la Lettre de St Pierre : "Bénissez, c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter la bénédiction" par "Aimer, c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter l'Amour". C'est l'Amour qui fait exister. Permettre à l'autre d'exister, lui donner sa juste place, c'est se donner existence à soi-même. Jésus existe, il a victoire sur la mort car il aime : Il est l'Amour. La croix en est le signe et l'accomplissement.
C’est précisément pour rappeler à tout chrétien l’exigence de sauvegarder précieusement la liberté que Jésus nous a acquise par son Sang, que des hommes et des femmes suivent le Christ dans la pauvreté radicale des conseils évangéliques, signifiant par là que notre véritable trésor n’est autre que le Christ Jésus lui-même. Le Christ qui se présente aussi à nous sous les traits de notre prochain : "Tout ce que vous aurez fait à l'un de ses petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait."