dimanche 14 août 2011


Dans l'impossibilité de préparer la "Parole du jour"
pendant quelques jours,
je vous invite à ruminer et à vous laisser interpeller
par les textes de la Parole de Dieu
offerts chaque jour pour la Messe.

"Souvent nous entendons la Parole de Dieu et l’avalons sans même prendre le temps de la mâcher... Aussitôt, cette nourriture avalée est oubliée. Observez les ruminants comme la vache par exemple. Elle coupe l’herbe sans la mâcher et peut ainsi ingurgiter une grande quantité d’herbe par jour. Celle-ci est accumulée dans la panse puis, après un certain temps, l’animal se met à ruminer, c'est-à-dire qu’elle régurgite le contenu de sa panse dans sa bouche et le mâche à nouveau. Ainsi pulvérisée, cette nourriture pourra être à nouveau avalée puis commencera la digestion qui durera trois jours. Cette nourriture la nourrit et lui donne vie ...
Les Ecritures ne sont pas des paroles d’hommes, mais la Parole de ‘Dieu’ qui ne périt pas, qui demeurera toujours, qui est toujours vivante, parlante pour chacun d’entre vous. Mais encore faut-il comme la vache, pouvoir l’accueillir avec bonheur chaque jour, la mâcher, la remâcher jusqu’à ce qu’elle nous parle et puisse accomplir son œuvre de transformation ..." (Anonyme)

ASSOMPTION DE MARIE
Parole du jour
Lundi 15 août
Lc 1, 39-56

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement
vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie
et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie,
l'enfant tressaillit en elle.
Alors, Élisabeth fut remplie de l'Esprit Saint,
et s'écria d'une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur
que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ?
Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation,
l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru
à l'accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,

mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.

Il s'est penché sur son humble servante ;

désormais tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles ;

Saint est son nom !

Son amour s'étend d'âge en âge

sur ceux qui le craignent.

Déployant la force de son bras,

il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes,
il élève les humbles.
Il comble de bien les affamés,

renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,

il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères,

en faveur d'Abraham et de sa race à jamais. »
Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois,
puis elle s'en retourna chez elle.

Il fallait en effet, médite Jean-Paul II, que « celle qui était la Mère du Ressuscité, fût la première parmi les hommes à participer à la plénitude puissante de sa Résurrection. Il fallait que celle, en qui le Fils de Dieu, auteur de la victoire sur le péché et sur la mort, est venu habiter, fût aussi la première à habiter en Dieu, libre du péché et de la corruption du tombeau : du péché par l’Immaculée Conception ; de la corruption du tombeau, par l’Assomption ».

L'être humain n'existe que comme "être en relation". Lorsqu'il n'y a plus de relation avec autrui, c'est l'enfermement et la mort. Le péché est "relation blessante et blessée" où ne circule plus la sève de l'amour et du don. Nous en faisons tous l'expérience ... Le péché nous disloque, nous divise dans nos relations avec les autres et aussi, surtout, en nous-mêmes. Les Sacrements, Baptême, Réconciliation, Eucharistie ... sont des dons de Dieu pour notre libération et le retour à l'unité de notre être tout entier : "corps, âme et esprit", en Jésus. St Paul écrit aux thessaloniciens : "Que votre être tout entier, corps, âme et esprit, soient rendus saint (= unifié par les liens de l'amour) par l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ". Voici ce qu'écrit Pierre Trévet dans son livre "Paraboles d'un curé de campagne" écrit : "La résurrection promise n'est ni la simple immortalité d'une âme séparée du corps, ni le retour à la vie d'ici-bas, mais quelque chose de beaucoup plus grand : le corps et l'âme (et l'esprit) rendus l'un à l'autre dans une unité désormais indestructible parce que notre fragilité humaine sera "mise à l'abri en Dieu", selon la magnifique expression du théologien Hans Urs von Balthasar - à l'abri du péché, de la souffrance et de la mort. Dans le credo, nous parlons de la "résurrection de la chair". La chair désigne ici la personne dans son unité et son intégralité, c'est-à-dire tout à la fois son âme et son corps (et son esprit). La vie nouvelle que le chrétien espère ne concerne pas seulement son âme, mais la personne toute entière, telle qu'elle a été créée et voulue par Dieu, et dont le corps est partie intégrante dès le commencement, ce corps dans lequel elle a vécu toute son histoire et est devenue ce qu'elle est".
Marie est la seule créature qui au moment de sa mort comme pendant toute sa vie n'a été que dans le "oui", libre de tout péché et de toute dislocation. Aussi unifiée en son être tout entier "corps, âme et esprit", son corps même ne pouvait demeurer dans la corruption. Sans aucune tâche de corruption, il a été élevé (= transfiguré) dans la Lumière de Dieu. La fête de l'Assomption nous montre, en Marie, notre avenir éternel :
"Je crois en la résurrection de la chair, à la vie éternelle" (credo)


Marie, étoile de la mer (St Bernard † 1153)

Marie est comparée à un astre
"Et le nom de la vierge était Marie" (Lc 1,27).
Disons quelque chose aussi sur ce nom, qui est interprété : "étoile" de la mer et qui convient à merveille à la mère restée vierge.
Oui, on la compare à un astre, et rien de plus juste : comme l'astre, sans être altéré, émet son rayon, ainsi, sans lésion intime, la Vierge met au monde son Fils. Le rayon n'amoindrit pas la clarté de l'astre, pas plus que le fils ne diminue l'intégrité de la vierge.
Oui, elle est cette noble étoile issue de Jacob dont les rayons illuminent l'univers entier, dont la splendeur étincelle sur la cime et pénètre jusqu'aux ombres profondes, dont la chaleur répandue sur la terre réchauffe les âmes plus que les corps, mûrit les vertus et consume les vices.
Elle est cette brillante et merveilleuse étoile qui se lève, glorieuse et nécessaire au-dessus de cet océan immense, dans la splendeur de ses mérites et de ses exemples.
Dans la tempête, regarde l'étoile, invoque Marie !
O toi, qui que tu sois, qui dans cette marée du monde, te sens emporté à la dérive parmi orages et tempêtes, plutôt que sur la terre ferme, ne quitte pas les feux de cet astre, si tu ne veux pas sombrer dans la bourrasque.
Quand se déchaînent les rafales des tentations, quand tu vas droit sur les récifs de l'adversité, regarde l'étoile, appelle Marie !
Si l'orgueil, l'ambition, la jalousie te roulent dans leurs vagues, regarde l'étoile, crie vers Marie !
Si la colère ou l'avarice, si les sortilèges de la chair secouent la barque de ton âme, regarde vers Marie !
Quand, tourmenté par l'énormité de tes fautes, honteux des souillures de ta conscience, terrorisé par la menace du jugement, tu te laisses happer par le gouffre de la tristesse, par l'abîme du désespoir, pense à Marie.
Dans les dangers, dans les angoisses, dans les situations critiques, pense à Marie, crie vers Marie !
Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu'il ne quitte pas ton cœur, et pour obtenir la faveur de ses prières, ne cesse d'imiter sa vie.
Fais ta propre expérience de Marie !
Si tu la suis, point ne t'égares.
Si tu la pries, point ne désespère.
Si tu la gardes en pensée, point de faux pas.
Qu'elle te tienne, plus de chute.
Qu'elle te protège, plus de crainte.
Sous sa conduite, plus de fatigue.
Grâce à sa faveur, tu touches au port.
Et voilà comment ta propre expérience te montre combien se justifie la parole : Le nom de la Vierge était Marie (Lc 1, 27).


Parole du jour
(dimanche 14 août)
Mt 15, 21-28

Jésus s'était retiré vers la région de Tyr et de Sidon.
Voici qu'une Cananéenne, venue de ces territoires, criait :
« Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David !
Ma fille est tourmentée par un démon. »
Mais il ne lui répondit rien.
Les disciples s'approchèrent pour lui demander :
« Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris ! »
Jésus répondit :
« Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël. »
Mais elle vint se prosterner devant lui :
« Seigneur, viens à mon secours ! »
Il répondit :
« Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants
pour le donner aux petits chiens. -
C'est vrai, Seigneur, reprit-elle ;
mais justement, les petits chiens mangent les miettes
qui tombent de la table de leurs maîtres. »
Jésus répondit :
« Femme, ta foi est grande,
que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! »
Et, à l'heure même, sa fille fut guérie.

Dès le début du chapitre 15 de l'Évangile de St Matthieu, nous assistons à la controverse de Jésus avec les pharisiens qui refusent le "pain de sa Parole", de son "Enseignement", pour celui de leurs propres traditions. Jésus les traite "d'hypocrites", c'est-à-dire de "comédiens" et il ajoute ce passage d'Isaïe : "Ce peuple m'honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi. Vain est le culte qu'ils me rendent : les doctrines qu'ils enseignent ne sont que préceptes humains." (Mt 15, 7-9)
Vient ensuite l'enseignement sur le pur et l'impur. La Parole de Jésus purifie, celle des pharisiens rend impur :
"Ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ! Or si un aveugle conduit un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou." (Mt 15, 14)
Jésus quitte alors ses concitoyens qui le refusent pour aller à Tyr et à Sidon, région païenne. Une fois encore, nous découvrons que ce sont ceux qui sont exclus par Israël qui sont parfois les plus proches de Dieu, qui accueillent sa Parole libératrice et guérissante. Jésus met la cananéenne à l'épreuve. Le Pain de sa Parole est pour les "enfants d'Israël" : "Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël." Mais la cananéenne a de la réplique : Les petits chiens domestiques mangent les miettes. Ce que refuse Israël, la Parole de Jésus et Jésus lui-même, les païens l'accueillent et s'en nourrissent avec bonheur.
Le Royaume de Jésus n'est pas de ce monde, il n'est pas comme les Royaumes de ce monde. Avec Jésus, les frontières tombent. Il faut que les Apôtres appelés à prolonger son œuvre le comprennent : tout être humain est appelé à être citoyen de son Royaume. C'est une affaire de cœur et d'accueil de sa Personne : "A tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom ..." (Jn 1, 13) Cela est vrai aussi en l'Église. St Augustin écrit :
"Il y a des gens qui se croit en Église et qui sont hors de l'Église et des gens qui se croit hors de l'Église et qui sont dans l'Église." Parole à méditer pour nous-mêmes. Le Baptême n'est pas une assurance ou un passeport mais un vivre avec Jésus et comme Jésus et un envoi ... « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! »

vendredi 12 août 2011

Parole du jour
Mt 19,3-12
Vendredi 12 août

Des pharisiens s'approchèrent de lui
pour le mettre à l'épreuve ;
ils lui demandèrent :
« Est-il permis de renvoyer sa femme
pour n'importe quel motif ? »
Il répondit :
« N'avez-vous pas lu l'Écriture ?
Au commencement,
le Créateur les fit homme et femme,
et il leur dit :
'Voilà pourquoi l'homme quittera
son père et sa mère,
il s'attachera à sa femme,
et tous deux ne feront plus qu'un.'
A cause de cela, ils ne sont plus deux, mais un seul.
Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas ! »
Les pharisiens lui répliquent :
« Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit la remise d'un acte
de divorce avant la séparation ? »
Jésus leur répond :
« C'est en raison de votre endurcissement
que Moïse vous a concédé de renvoyer vos femmes.
Mais au commencement, il n'en était pas ainsi.
Or je vous le dis :
si quelqu'un renvoie sa femme
- sauf en cas d'union illégitime -
pour en épouser une autre, il est adultère. »
Ses disciples lui disent :
« Si telle est la situation de l'homme
par rapport à sa femme,
il n'y a pas intérêt à se marier. »
Il leur répondit :
« Ce n'est pas tout le monde
qui peut comprendre cette parole,
mais ceux à qui Dieu l'a révélée.
Il y a des gens qui ne se marient pas
car, de naissance,
ils en sont incapables ;
il y en a qui ne peuvent pas se marier
car ils ont été mutilés par les hommes ;
il y en a qui ont choisi de ne pas se marier
à cause du Royaume des cieux.
Celui qui peut comprendre, qu'il comprenne ! »

La question des pharisiens est un piège subtil ; ils tentent d’entraîner le Rabbi de Nazareth dans un débat d’école qui l’amènerait inévitablement à se faire des ennemis dans le parti dont il n’épouserait pas l’opinion.
Notre-Seigneur ne se laisse pas entraîner sur le terrain conflictuel des interprétations humaines de la Loi : il ramène ses interlocuteurs à l’essentiel. La question portait sur les motifs pour lesquels le mari pouvait répudier son épouse, mais Jésus conteste le présupposé du débat, à savoir la possibilité même de la répudiation.
Pour argumenter sa position, Notre Seigneur se réfère au récit de la création, c'est-à-dire au projet de Dieu sur l’homme et la femme. Il veut ainsi conduire ses interlocuteurs à chercher les normes de l’agir humain, dans le dessein de son Père, tel qu’il transparaît dans l’acte créateur.
Or, la différence sexuelle entre l’homme et la femme est comme un signe et un appel. Un signe de leur incomplétude ; un appel à unir leur complémentarité en une communion féconde. Voilà pourquoi : « L’homme s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un ».
Cette conclusion est mise par Jésus sur les lèvres de Dieu lui-même, qui explicite par ces mots l’intention qui a présidé à l’acte créateur. Il ne s’agit pas d’une description ou d’une interprétation, mais d’un ordre : c’est une loi que Dieu édicte.
Si l’homme et la femme sont créés (littéralement) « mâle et femelle », leur union est cependant bien davantage qu’une action instinctive destinée à assurer la survie de l’espèce. Il s’agit d’un acte de liberté en réponse au commandement divin. En tant que telle, l’union matrimoniale scelle une alliance avec Dieu, dont les modalités ne sont pas laissées à l’arbitraire des hommes, mais sont fondées dans sa Parole.
L’homme et de la femme qui librement s’engagent l’un envers l’autre en réponse à l’appel de Dieu, ne font plus qu’un par et dans la promesse qu’ils ont échangée ; et comme Dieu se com-promet avec eux dans cette Alliance de manière indéfectible, on comprend que Jésus puisse conclure : « Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ».
La référence aux prescriptions de Moïse, est l’occasion pour Jésus de dénoncer la « sclerocardia » - la « sclérose » du cœur - de ses interlocuteurs. La conséquence première du péché des origines fut de « pétrifier » notre cœur, nous rendant incapables d’aimer dans la durée et dans la fidélité. Mais le péché ne peut annuler la parole du Créateur ; par le sacrement du mariage, l’Esprit Saint vient « liquéfier » le cœur de pierre des époux, et leur donne une capacité nouvelle d’aimer, dans la loyauté à la parole donnée.
La réaction désabusée des disciples qui estiment que dans ces conditions il vaut mieux ne pas se marier, permet à Jésus de souligner la valeur du célibat, à condition qu’il soit intentionnellement choisi dans la perspective du Royaume. La circoncision du cœur incarne la seule attitude juste face à Dieu et à sa Parole, la condition préalable à la réalisation de tout état de vie, y compris du mariage, qui ne peut se recevoir, tout comme le célibat consacré, que comme un don : « Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! ». (Père Joseph-Marie)

jeudi 11 août 2011

Parole du jour
Mt 18, 21-35; 19, 1
(Jeudi 11 août)

Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander :
« Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi,
combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu'à sept fois ? »
Jésus lui répondit :
« Je ne te dis pas jusqu'à sept fois,
mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois.

Qui peut se dire pleinement ajusté sur le réel, sur la vérité ? ... Qui peut se dire pleinement dans l'amour de son frère ? ... Qui peut se dire sans péché ? ... Quelle définition d'ailleurs donner à ce mot un peu en désuétude aujourd'hui, ce qui ne change en rien à sa réalité au cœur de nos vies ? ... Il me semble que l'on peut l'exprimer comme "relation blessante et blessée". L'être humain n'existe pas sans "relation". Il est un être "en relation". C'est là que s'accroche le péché, comme un parasite. : "Je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas ... en réalité ce n'est pas moi qui accomplis l'action, mais le péché qui habite en moi ..." (Rm 7, 14-24)
Il faut savoir séparer la personne et le péché. Je ne suis pas mon péché. Mon frère ne s'identifie pas non plus avec son péché. Il me mène par le bout du nez et je me laisse conduire par lui comme le chien au bout de sa laisse. Le péché s'introduit à travers mes pensées, mes paroles, mes actions et mes omissions ... Le péché me paralyse, m'aveugle, me rend sourd, il est une lèpre qui me ronge etc ... L'Évangile dit que Jésus est venu pour les pécheurs, pour extraire le parasite et rendre l'homme à sa liberté, pardonnant les péchés du paralytique afin qu'il soit libéré, guérit de sa maladie; rendant la lumière a l'aveugle afin qu'il voit; l'ouïe au sourd afin qu"il "écoute" et entende; purifiant le lépreux pour qu'il retrouve une vie sociale ... de relation etc ... Le pardon, il le donnera à tous, comme un "don" de libération "par" delà le péché. Jésus ne regarde jamais l'homme à travers son péché. Il ne l'identifie pas à son péché. Il le regarde dans sa personne en ce qu'elle est vraiment au delà du péché qui peut l'entraver. Et ce qu'elle est : "à l'image de Dieu" et donc en capacité de changer et de grandir pour s'ajuster à l'aspiration fondamentale du "bien" et de "l'amour". Souvent le péché nous dépasse et il le sait : "Père pardonne-leur, car il ne savent pas ce qu'il font." Nous sommes sur un chemin de conversion et de guérison et il y faut du temps. Jésus le sait et il nous accompagne sur ce chemin pour nous rendre à la "santé" (sens du mot "Salut") ... Et il nous a appelle à pardonner nous-mêmes comme Lui ne cesse de nous pardonner. Si nous agissons autrement, c'est que nous nous érigeons en juge insatiable de nos frères, en dehors d'ailleurs, le plus souvent, de toute connaissance de cause. Nous nous faisons dieu ... un faux dieu, car le vrai, Lui, pardonne et va jusqu'au don de sa vie, jusqu'à la croix : "Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour le sauver." Disons le Notre Père avec le cœur et nous serons alors touché par la formule si simple mais qui fait l'effet d'une bombe : "Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés."

lundi 8 août 2011

Parole du jour
Dimanche 7 août
Mt 14, 22-23

Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert,
Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque
et à le précéder sur l'autre rive,
pendant qu'il renverrait les foules.
Quand il les eut renvoyées,
il se rendit dans la montagne,
à l'écart, pour prier.
Le soir venu, il était là, seul.
La barque était déjà à une bonne distance de la terre,
elle était battue par les vagues,
car le vent était contraire.
Vers la fin de la nuit,
Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.
En le voyant marcher sur la mer,
les disciples furent bouleversés. Ils disaient :
« C'est un fantôme »,
et la peur leur fit pousser des cris.
Mais aussitôt Jésus leur parla :
« Confiance ! c'est moi ; n'ayez pas peur ! »
Pierre prit alors la parole :
« Seigneur, si c'est bien toi,
ordonne-moi de venir vers toi sur l'eau. »
Jésus lui dit : « Viens ! »
Pierre descendit de la barque
et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.
Mais, voyant qu'il y avait du vent, il eut peur ;
et, comme il commençait à enfoncer,
il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »
Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et lui dit :
« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba.
Alors ceux qui étaient dans la barque
se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent :
« Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »

Jésus se rend sur la montagne pour prier. L'essentiel pour Jésus, c'est cette relation intime avec le Père qu'il ne quitte jamais : "Moi et le Père, nous sommes UN." C'est le soir, l'heure de la croix où il va donner sa vie pour le salut de l'humanité, notre salut. C'est l'heure de sa mort ... des ténèbres. Et voici que les Apôtres sont pris dans la tempête : "La barque ... était battue par les vagues, car le vent était contraire." Ils sont dans la peur ! C'est l'heure de la nuit et de la désespérance : "Nous qui espérions !" diront les disciples d'Emmaüs. Les Apôtres sont perdus, Jésus est mort ! Et voici qu'au cœur de la tempête Jésus vient en marchant sur les eaux. C'est la fin de la nuit, l'heure de l'aurore, de la lumière qui monte, l'heure de la résurrection. La tempête, pour les juifs du temps de Jésus est symbolique des forces infernales. Celles-ci ne peuvent plus rien contre lui, il les a vaincu, aussi marche-t-il sur la mer. Il est la présent, bien vivant en sa Victoire. Et il veut que l'humanité se laisse envelopper dans cette victoire. Pierre va en être l'avant garde : « Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur l'eau. » Jésus lui dit : « Viens ! » Tant que Pierre est dans la foi en la parole de Jésus, tant que son regard et son cœur lui sont acquis, tant qu'il se laisse envelopper dans sa Victoire, il marche sur l'eau. Il n'a plus peur. La tempête est là et elle rugit, mais elle ne peut l'atteindre. Mais voilà ! Pierre va se détourner de Jésus et quitter le roc de la foi : "Mais, voyant qu'il y avait du vent, il eut peur." Il quitte la Présence de Jésus et sa Victoire et se retrouve seul. Alors il coule. La peur est revenue !... Heureusement au coeur de cet engloutissement, dans sa détresse, il se retourne vers Jésus : "il cria : " Seigneur, sauve-moi ! " Il revient à sa Présence et entre à nouveau dans sa Victoire : " Jésus étendit la main, le saisit." Et ce que Jésus va lui reprocher, c'est son manque de foi : "Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?" L'histoire de Pierre ne serait-elle pas notre histoire ? ... C'est chaque jour, à chaque instant, que nous sommes appeler à nous resituer dans la Présence et dans la Victoire de Jésus. Sans cesse il nous rassure : " Confiance ! c'est moi ; n'ayez pas peur ! "

samedi 6 août 2011

Parole du jour
Samedi 6 août
Mt 17, 1-9

Jésus prend avec lui Pierre,
Jacques et Jean son frère,
et il les emmène à l'écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ;
son visage devint brillant comme le soleil,
et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie,
qui s'entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus :
« Seigneur, il est heureux que nous soyons ici !
Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes,
une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. »

Il parlait encore, lorsqu'une nuée lumineuse
les couvrit de son ombre ;
et, de la nuée, une voix disait :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé,
en qui j'ai mis tout mon amour ;
écoutez-le ! »
Entendant cela, les disciples tombèrent
la face contre terre
et furent saisis d'une grande frayeur.
Jésus s'approcha, les toucha et leur dit :
« Relevez-vous et n'ayez pas peur ! »
Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul.

En descendant de la montagne,
Jésus leur donna cet ordre :
« Ne parlez de cette vision à personne,
avant que le Fils de l'homme
soit ressuscité d'entre les morts. »


Voici Jésus qui se manifeste tel qu'il est en vérité : "Lumière né de la lumière" (Credo de Nicée). Sa divinité transparaît à travers son humanité, elle la transfigure. Il en est toujours ainsi mais l'homme terni et amoindri dans son humanité par le péché, refus de la Lumière, ne peut le voir tel qu'il est. St Jean, dans sa 1ère lettre écrit : "Nous le verrons tel qu'il est car nous lui serons semblable". Il y faut une purification. Et la purification se fait par la "Foi" en Jésus qui en accomplissant la Thora (Parole de Dieu) en son Humanité, rend notre humanité à son plein accomplissement.
Les trois disciples, par grâce spéciale, sont rendus capable de le voir tel qu'il est. C'est une grâce de contemplation donnée en toute gratuité. Et que voient-ils ? ... Moïse et Élie qui s'entretiennent avec Jésus. Moïse représente la Torah (la Loi) et Élie les prophètes. Or Jésus l'a annoncé :
"Je ne suis pas venu abolir la Torah et les prophètes, mais les accomplir".
Les trois apôtres sont témoins de cette réalité : Le Verbe s'est fait chair ... la Torah s'est faite chair en Jésus. Et la voix du
Père qui se fait entendre dans le Souffle de la nuée (l'Esprit) qui les couvre de son ombre est une reconnaissance et un ordre vital : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le !"
C'est cette "écoute active" qui rend à la "Lumière" et donc à la vision de Dieu qui est communion avec Lui.


Il est intéressant de se reporter à Exode 34, 29- 35. Il est dit que "lorsque Moïse redescendit de la montagne du Sinaï, les deux tables du Témoignage étaient dans la main de Moïse ... et Moïse ne savait pas que la peau de son visage rayonnait parce qu'il avait parlé avec Dieu ... "
Au Sinaï, Moïse se laisse enseigner par Dieu, il reçoit les dix Paroles de vie que l'on appelle les dix commandements, et il en est transfiguré. Les Israélites sont tellement impressionnés qu'ils ont peur de l'approcher. Ce rayonnement les éblouit ... "et Moïse leur parla". Il leur dit les paroles que Dieu lui a enseignées. Et le peuple "écoute Moïse". Ce qui nous rappelle le : "écoutez-le" de l'Évangile. Puis, "quand Moïse a fini de leur parler, il met un voile sur son visage". Lorsqu'il entre dans la tente de la Rencontre pour parler face à face avec Dieu et recevoir ses enseignements, il ôte le voile jusqu'à sa sortie où il rapporte aux Israélites, la Parole de Dieu. Il dit cette Parole à visage découvert car la Parole qu'il profère au nom de Yahvé illumine et révèle l'Être même de Dieu ... Puis à nouveau il remet le voile.
St Paul a trouvé l'illumination sur le chemin de Damas. Voici ce qu'il raconte : "Soudain une grande Lumière venue du ciel m'enveloppa de sa clarté, je tombais sur le sol et j'entendis une voix qui me parlait ..." Lorsqu'il se relève il ne voit plus rien en raison de l'éclat de cette Lumière. Il faut l'intervention d'Ananie envoyé par le Seigneur pour qu'il retrouve la vue : "Saoul, mon frère, recouvre la vue." Et moi, au même instant je pu le voir." (Ac 22, 6-13) Sa vie est alors transformé. Il écrit plus tard : "C'est quand on se convertit au Seigneur que le voile est enlevé. Car le Seigneur, c'est l'Esprit, et où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. Et nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur qui est Esprit." (2 CO 3, 16-18)
La Résurrection de Jésus et le don de l'Esprit à Pentecôte sont passées par là et désormais la Présence de Jésus, intérieure à nous-mêmes, nous transfigure chaque jour davantage :
"Jésus le Christ, Lumière intérieure, ne laisse pas les ténèbres me parler. Jésus, le Christ, Lumière intérieure, donne-moi d'accueillir ton amour." (Chant de Taizé)

vendredi 5 août 2011

Parole du jour
Mt 15, 21-28
Mardi 5 août

Jésus disait à ses disciples :
« Si quelqu'un veut marcher derrière moi,
qu'il renonce à lui-même,
qu'il prenne sa croix et qu'il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra,
mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera.
Quel avantage en effet un homme aura-t-il
à gagner le monde entier, s'il le paye de sa vie ?
Et quelle somme pourra-t-il verser en échange de sa vie ?
Car le Fils de l'homme va venir avec ses anges
dans la gloire de son Père ;
alors il rendra à chacun selon sa conduite.

Amen, je vous le dis :
parmi ceux qui sont ici,
certains ne connaîtront pas la mort
avant d'avoir vu le Fils de l'homme
venir dans son Règne. »

"Renoncer à soi-même". Voici des mots que l'on aime pas tellement entendre. Or il s'agit d'une libération. La croix est le signe du renoncement à soi-même parce que c'est la révélation de l'amour. Il s'agit de se dessaisir de tous ce qui est contraire à la vie, tout cet égocentrisme, cet égoïsme, cette recherche de gloriole, la jalousie et le jugement ... tout ce qui nous repli sur nous-mêmes et notre "moi", en un mot le "péché", tout ce qui est contraire à l'amour, pour nous ouvrir aux autres en cherchant d'abord leur bien, les faisant passer avant nous-mêmes : "Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour la multitude". Celui qui prend ce chemin qui est celui de l'Évangile trouvera la paix et le bonheur vrai. C'est tout un programme qui demande d'être attaché à Jésus comme Lui l'était à son Père ...

mercredi 3 août 2011


Parole du jour
Mt 15, 21-28
Mardi 3 août


Jésus s'était retiré vers la région de Tyr et de Sidon.
Voici qu'une Cananéenne, venue de ces territoires, criait :
« Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David !
Ma fille est tourmentée par un démon. »
Mais il ne lui répondit rien.
Les disciples s'approchèrent pour lui demander :
« Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris ! »
Jésus répondit :
« Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël. »
Mais elle vint se prosterner devant lui :
« Seigneur, viens à mon secours ! »
Il répondit :
« Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants
pour le donner aux petits chiens. -
C'est vrai, Seigneur, reprit-elle ;
mais justement, les petits chiens mangent les miettes
qui tombent de la table de leurs maîtres. »
Jésus répondit :
« Femme, ta foi est grande,
que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! »
Et, à l'heure même, sa fille fut guérie.

Dès le début du chapitre 15 de l'Évangile de St Matthieu, nous assistons à la controverse de Jésus avec les pharisiens qui refusent le "pain de sa Parole", de son "Enseignement", pour celui de leurs propres traditions. Jésus les traite "d'hypocrites", c'est-à-dire de "comédiens" et il ajoute ce passage d'Isaïe : "Ce peuple m'honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi. Vain est le culte qu'ils me rendent : les doctrines qu'ils enseignent ne sont que préceptes humains." (Mt 15, 7-9)
Vient ensuite l'enseignement sur le pur et l'impur. La Parole de Jésus purifie, celle des pharisiens rend impur :
"Ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ! Or si un aveugle conduit un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou." (Mt 15, 14)
Jésus quitte alors ses concitoyens qui le refusent pour aller à Tyr et à Sidon, région païenne. Une fois encore, nous découvrons que ce sont ceux qui sont exclus par Israël qui sont parfois les plus proches de Dieu, qui accueillent sa Parole libératrice et guérissante. Jésus met la cananéenne à l'épreuve. Le Pain de sa Parole est pour les "enfants d'Israël" : "Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël." Mais la cananéenne a de la réplique : Les petits chiens domestiques mangent les miettes. Ce que refuse Israël, la Parole de Jésus et Jésus lui-même, les païens l'accueillent et s'en nourrissent avec bonheur.
Le Royaume de Jésus n'est pas de ce monde, il n'est pas comme les Royaumes de ce monde. Avec Jésus, les frontières tombent. Il faut que les Apôtres appelés à prolonger son œuvre le comprennent : tout être humain est appelé à être citoyen de son Royaume. C'est une affaire de cœur et d'accueil de sa Personne : "A tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom ..." (Jn 1, 13) Cela est vrai aussi en l'Église. St Augustin écrit :
"Il y a des gens qui se croit en Église et qui sont hors de l'Église et des gens qui se croit hors de l'Église et qui sont dans l'Église." Parole à méditer pour nous-mêmes. Le Baptême n'est pas une assurance ou un passeport mais un vivre avec Jésus et comme Jésus et un envoi ... « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! »
(la femme "Cananéenne", miniatures du Codex Egbert (vers 980)

mardi 2 août 2011

Parole du jour
Mt 15, 1-2 sq
Lundi 2 août

Des pharisiens et des scribes venus de Jérusalem
s'approchent de Jésus et lui disent :
« Pourquoi tes disciples désobéissent-ils
à la tradition des anciens ?
En effet ils ne se lavent pas les mains
avant de prendre leur repas. »

Jésus appela la foule et lui dit :
« Écoutez et comprenez bien !
Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche
qui rend l'homme impur.
Mais ce qui sort de la bouche,
voilà ce qui rend l'homme impur. »
Alors les disciples s'avancèrent et lui dirent :
« Sais-tu que les pharisiens ont été scandalisés
en entendant cette parole ? »
Mais il répondit :
« Toute plante que mon Père du ciel
n'a pas plantée sera arrachée.
Laissez-les dire : ce sont des guides aveugles
pour des aveugles.
Si un aveugle guide un aveugle,
ils tomberont tous les deux dans un trou. »

« Des scribes et des pharisiens venus de Jérusalem » : il s’agit d’une délégation officielle, parlant au nom du collège des sages. Leur reproche concerne la liberté que prennent les disciples de Jésus par rapport aux ablutions traditionnelles.
Jésus ne répond même pas à la question de ses interlocuteurs ; ce qui laisse supposer que leur demande n’est pas droite : ils ne cherchent pas à comprendre le motif du comportement des disciples, mais seulement à fustiger l’autorité de ce Rabbi qui prend décidément trop d’ascendant sur le peuple.
Notre-Seigneur « appelle la foule » - qui s’était sans doute éloignée à l’approche des notables - et l’exhorte vigoureusement à se libérer du joug des observances stériles qui font barrage à la rencontre avec le Dieu de l’Alliance. Jésus ne prend pas la défense de ses disciples : il reconnaît les faits qu’on leur reproche. Mais il ne se considère pas lié par les prescriptions de « la tradition des anciens », qui marquaient la séparation d’avec les autres hommes - les ablutions prétendaient en effet purifier les fils d’Israël des souillures contractées au contact avec des non-juifs.
Poussant plus loin sa critique du formalisme religieux, Notre-Seigneur récuse implicitement la distinction entre aliments purs et impurs, puisque rien de « ce qui entre dans la bouche ne rend l’homme impur ». « Dieu a créé les aliments pour que les fidèles, eux qui connaissent pleinement la vérité, les prennent avec action de grâce », expliquera plus tard Saint Paul, qui ajoute : « car tout ce que Dieu a créé est bon, et rien n’est à rejeter si on le prend avec action de grâce. En effet, la parole de Dieu et la prière le sanctifient » (1 Tm 4, 3-5).
Nous avons du mal à imaginer l’ampleur de la révolution religieuse provoquée par Jésus, et il n’a pas du être facile pour le pharisien Paul, disciple de Gamaliel, d’accéder à cette liberté, dont il deviendra le grand héraut. Dans la lettre aux Romains il généralise même cette position en affirmant : « Je le sais, j’en suis convaincu par le Seigneur Jésus : rien n’est impur en soi. Mais une chose est impure pour celui qui la considère comme telle » (Rm 14,14).
Cette liberté nouvelle par rapport aux règles extérieures, se double cependant d’une exigence bien plus grande : « Mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur ». Jésus précisera quelques versets plus loin ce qu’il entend par là : « Ce qui pénètre dans la bouche va dans le ventre pour être éliminé, tandis que ce qui sort de la bouche provient du cœur, et c’est cela qui rend l’homme impur. Car c’est du cœur que proviennent les pensées mauvaises : meurtres, adultères, inconduite, vols, faux témoignages, diffamations. C’est tout cela qui rend l’homme impur ; mais manger sans se laver les mains ne rend pas l’homme impur » (Mt 15, 17-20). Nous voilà renvoyés à notre responsabilité personnelle face au péché, qui seul nous rend « impur » devant Dieu. Remarquons aussi que les péchés évoqués par Jésus renvoient tous à un manque de respect envers nos frères : il est clair que Notre-Seigneur veut nous libérer d’une religiosité formelle pour que nous puissions nous engager résolument sur le chemin concret de la charité fraternelle.
Les pharisiens ont du manifester ostensiblement leur réprobation par une attitude scandalisée, que les disciples, inquiets, rapportent à leur Maître. La réponse de Jésus est tranchante : « Il n’y a rien à attendre de ces pseudo-guides au cœur endurci. Ils n’appartiennent pas à la vigne du Père. Leur “tradition” n’impose que des préceptes humains sans valeur religieuse. Ce sont des aveugles entraînant d’autres aveugles à leur perte : “laissez-les dire” mais ne les écoutez pas. N’espérez pas le salut de l’observance de préceptes humains ; veillez plutôt à accueillir la miséricorde divine, et à coopérer généreuse à l’action de la grâce dans le beau combat de la charité ». (P. Joseph-Marie)

lundi 1 août 2011

Parole du jour
Mt 14, 22-36
Lundi 1 août

Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert,
Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque
et à le précéder sur l'autre rive,
pendant qu'il renverrait les foules.
Quand il les eut renvoyées,
il se rendit dans la montagne, à l'écart, pour prier.
Le soir venu, il était là, seul.
La barque était déjà à une bonne distance de la terre,
elle était battue par les vagues, car le vent était contraire.
Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.
En le voyant marcher sur la mer,
les disciples furent bouleversés. Ils disaient :
« C'est un fantôme »,
et la peur leur fit pousser des cris.
Mais aussitôt Jésus leur parla :
« Confiance ! c'est moi ; n'ayez pas peur ! »
Pierre prit alors la parole :
« Seigneur, si c'est bien toi,
ordonne-moi de venir vers toi sur l'eau. »

Jésus lui dit :
« Viens ! »
Pierre descendit de la barque
et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.
Mais, voyant qu'il y avait du vent, il eut peur ;
et, comme il commençait à enfoncer, il cria :
« Seigneur, sauve-moi ! »
Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et lui dit :
« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba.
Alors ceux qui étaient dans la barque
se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent :
« Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
Ayant traversé le lac, ils abordèrent à Génésareth.
Les gens de cet endroit reconnurent Jésus ;
ils firent avertir toute la région,
et on lui amena tous les malades.

Ils le suppliaient de leur laisser seulement
toucher la frange de son manteau,

et tous ceux qui la touchèrent furent sauvés.


Dans la symbolique juive, la mer, il s'agit du lac de Tibériade, représente le lieu où "niche" les forces infernales. Le lac étant une "mer" de petite dimension (160 Km2), les tempêtes se lèvent avec une grande immédiateté qui surprend et laisse démunie. Jésus, lui, n'est pas touché par la tempête. Il va devoir l'affronter lors de sa passion et de sa mort, mais il va en sortir vainqueur : " Au jour de ma défaite, ils m'attendaient, mais j'avais le Seigneur pour appui. Et lui m'a dégagé, mis au large, il m'a libéré, car il m'aime." (Ps 17, 19-20) Les "forces infernales ne peuvent l'atteindre.
Au cœur de nos tempêtes, désormais il est là pour les assumer avec nous :
"Confiance, c'est moi, n'ayez pas peur !" Confiance ! La "Foi" est notre "arme de victoire" (Ps 17, 2) Jésus nous dit : "viens !" Avance ! Tant que nous lui sommes unis, avec lui nous marchons sur l'eau ... Mais trop souvent, nous le quittons pour nous en sortir par nos propres moyens ... par manque de "Foi",. Le doute nous donne de le considerer peut-être alors comme ... un "fantôme", une illusion ... et c'est le bouillon de l'aveuglement : "Les liens de la mort m'entouraient, le torrent fatal m'épouvantait; des liens infernaux m'épouvantaient : j'étais pris aux pièges de la mort." (Ps 17, 5-6) Alors le "Salut" est dans le retour à la "Foi" et donc à la Personne de Jésus : "Dans mon angoisse, j'appelai le Seigneur; vers mon Dieu je lançais mon cri ..." (Ps 17, 7) Un seule geste à faire, celui de la "Foi" : tendre la main. Alors c'est la surprise de rencontrer une "main déjà tendue, celle de Jésus : "Des hauteurs il tend la main pour me saisir, il me retire du gouffre des eaux; il me délivre d'un puissant ennemi, d'adversaires plus fort que moi." (Ps 17, 17-18) Et dans l'Évangile : " Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et dit : "Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?" Que se passe-t'il lorsque la "communion avec Jésus est rétablie : "...le vent tomba." Et c'est l'action de grâce dans la reconnaissance de Jésus comme "Fils de Dieu" et "Sauveur de celui qui se "fie en Lui" : "Tous ceux qui touchaient la frange de son manteau étaient sauvés."
(Icône : "Pierre marche sur les eaux")