Nous sommes toujours aux noces de Cana, Seigneur.
Tu es parmi nous en ami,
mais nous ne Te connaissons pas.
Tu changes d’un geste clair
L’eau de nos larmes en vin joyeux
du Royaume à venir, et nous ne le voyons pas.
Nous festoyons, nous Te jetons quelquefois
un regard furtif, mais nous T’oublions
car nous ne T’avons pas reconnu.
Nous sommes trop ivres
de notre suffisance pour Te contempler.
Tu ne quittes pourtant pas la table de la vie,
Tu veilles à notre faim et Tu es attentif à notre soif.
Le lendemain de Ta présence,
dans le réveil dur de la solitude,
nous avons le cœur pris dans un étau de tristesse.
Nous revoyons soudain Ton regard et Tes gestes,
Et nous regrettons de ne T’avoir rien dit.
Nous aurions aimé Te reconnaître
et Te remercier d'être là, humble et magnifique.
Nous sommes malades d’avoir passé un jour de soleil,
sans même regarder le soleil.
Et si quelqu’un nous dit ce que Tu as fait,
nous voudrions renverser le sablier du temps :
Nous sommes si tristes, si vains,
que nous oublions que Tu nous attends déjà et encore
pour les noces d’aujourd’hui et celles de demain…
Claude Lopez-Ginisty
(Commentaire sur l'Évangile à la suite)
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