Vendredi 5 mars
Jésus disait aux chefs des prêtres et aux pharisiens :
« Écoutez une autre parabole :
Un homme était propriétaire d'un domaine ;
il planta une vigne, l'entoura d'une clôture,
y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde.
Puis il la donna en fermage à des vignerons, et partit en voyage.
Quand arriva le moment de la vendange,
il envoya ses serviteurs auprès des vignerons
pour se faire remettre le produit de la vigne.
Mais les vignerons se saisirent des serviteurs,
frappèrent l'un, tuèrent l'autre, lapidèrent le troisième.
De nouveau, le propriétaire envoya
d'autres serviteurs plus nombreux que les premiers ;
mais ils furent traités de la même façon.
Finalement, il leur envoya son fils, en se disant :
'Ils respecteront mon fils.'
Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux :
'Voici l'héritier : allons-y ! tuons-le, nous aurons l'héritage !'
Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent...
Quand Jésus, Fils de Dieu, durant son parcours terrestre, annonce sa mort prochaine, Il ne l'annonce pas seulement par des paroles prophétiques, Il l'annonce aussi quelquefois par des paraboles. Cette parabole sur les vignerons homicides est une des paraboles les plus bouleversantes et les plus immédiatement compréhensibles dans laquelle nous pouvons reconnaître avec certitude le fils du père de famille qui plante une vigne, ce fils qui est lapidé et mis à mort.
Cette parabole des vignerons se rattache au thème biblique de la vigne, particulièrement aimé par les prophètes. Pour mieux la situer dans la grande perspective de l'amour nuptial de Dieu envers son peuple d'Israël, ce peuple que les prophètes comparent justement à une vigne , je voudrais vous lire un court extrait du prophète Isaïe. Vous allez voir la ressemblance frappante entre cette prophétie d'Isaïe et la parabole des évangiles :
" Que je chante à mon ami le chant de son amour pour sa vigne ! Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile, il la bêcha, il l'épierra, il y planta du muscat, au milieu il bâtit une tour, et il y creusa même une cuve. Il en espérait du raisin mais elle lui donna du verjus. Et maintenant, habitants de Jérusalem et gens de Juda, soyez juges, je vous prie, entre ma vigne et moi, vous-mêmes soyez juges ..." Et, conclut le prophète Isaïe, "la vigne de Yahvé Sabaoth, c'est la maison d'Israël et les gens de Juda en sont le plant choisi. Il en attendait l'innocence et c'est du sang, il en attendait le droit et c'est le cri d'effroi. " (Is 5, 1sq)
Nous voyons que Jésus reprend cette prophétie d'Isaïe. Il l'applique à la situation concrète où, au terme de l'histoire d'Israël, les prophètes ont été mis à mort, la prophétie en Israël s'est éteinte, que le dernier, le plus grand des prophètes, Jean-Baptiste, a été mis à mort, enfin Lui-même, Jésus, qui s'annonce comme LE prophète en reprenant à son propre compte les prophéties anciennes.
Nous voyons que Jésus nous parle d'une part des vignerons qui sont les chefs du peuple, et d'autre part des serviteurs en nombre croissant qui sont les prophètes, maltraités, chassés, vilipendés, mis à mort, et finalement du fils. On ne peut pas ne pas voir dans ce fils Jésus Lui-même, le Fils de Dieu devenu fils de l'homme pour notre salut, qui s'est abaissé et qui est descendu jusqu'à la vigne, espérant qu'en Le voyant les vignerons, les serviteurs, les chefs du peuple Le reconnaîtraient, L'écouteraient et Le suivraient ...
La seule reconnaissance qu'ils auront pour Lui est celle-ci : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » Ce qui rappelle l'exclamation de la parabole : « Venez, tuons-le ! ». De même le passage « ils le jetèrent hors de la vigne » et le tuèrent : « hors de la vigne », annonce que c'est aussi « hors des murs de Jérusalem » que le Christ sera mis à mort.
Cette parabole terrible est une parabole dans laquelle Jésus, non seulement annonce Sa mort prochaine, mais identifie les vignerons. Il désigne dans les vignerons ceux qui sont à la tête du peuple, ces pasteurs qui ont été appelés pour paître le troupeau de Dieu, pour paître les brebis et les agneaux et qui se sont accaparés l'héritage en s'en faisant les maîtres au détriment de ceux-ci.
Dans la suite du texte de l'Évangile, Jésus explique que "la vigne sera donnée en fermage à d'autres vignerons qui en remettront le fruit en temps voulu. " Il s'agit de l'Église, Nouvel Israël dont il sera la "Pierre Angulaire" ...
Mais, la tentation d'hier demeure la tentation d'aujourd'hui et de toujours. L'Église est appelée à constamment se remettre en question pour éviter de crucifier Celui qu'elle est appelée à annoncer. Elle doit constamment se purifier pour ne pas montrer de Jésus un visage défiguré , mais celui de l'Amour révélé.
Et à nous qui en sommes membres, nous qui montons vers Jérusalem pour y fêter la Pâques du Seigneur, le Carême nous appelle à vraiment nous mettre à la suite de Jésus en nous laissant libérer de ces comportements qui le crucifie en nous au lieu de témoigner de sa vie offerte à tous.
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